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Interprétation de l'ECG clinique

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Section 2, Chapter 20

Intervalle QT long (QTc), syndrome du QT long (LQTS) et torsades de pointes

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L’intervalle QT, le syndrome du QT long (LQTS) et les arythmies ventriculaires (torsade de pointes) dues à un allongement de l’intervalle QT

L’intervalle QT est l’intervalle de temps entre le début du complexe QRS et la fin de l’onde T. Cet intervalle représente le temps total nécessaire à la dépolarisation et à la repolarisation des ventricules (figure 1). La longueur de l’intervalle QT est étroitement liée au risque d’arythmies ventriculaires potentiellement mortelles. Par conséquent, l’intervalle QT doit toujours être évalué lors de l’interprétation de l’ECG. Le syndrome du QT long (LQTS) se manifeste lorsqu’un intervalle QT long induit des arythmies ventriculaires.

Figure 1. The QT interval on the ECG.
Figure 1 : L’intervalle QT sur l’ECG.

L’intervalle QT est inversement lié à la fréquence cardiaque. Lorsque la fréquence cardiaque augmente, l’intervalle QT diminue et vice versa. L’objectif physiologique de ce phénomène est de permettre des cycles cardiaques plus rapides en cas de tachycardie (par exemple, lors d’un effort physique). Par conséquent, pour déterminer si l’intervalle QT est normal ou non, il faut tenir compte de la fréquence cardiaque actuelle. Pour ce faire, on ajuste l’intervalle QT en fonction de la fréquence cardiaque, et l’intervalle QT qui en résulte est appelé intervalle QT corrigé, ou simplement intervalle QTc. Le principal danger réside dans les intervalles QTc longs, car ils induisent une tachycardie ventriculaire polymorphe très instable, appelée torsade de pointes. Un intervalle QTc anormalement court est également arythmogène, mais il s’agit d’une condition très rare.

Plusieurs formules ont été proposées pour calculer les intervalles QT corrigés. Voici quelques-unes de ces formules :

Bazett's formula for calculating corrected QT duration (QTc).
Formule de Bazett pour calculer la durée corrigée de l’intervalle QT (QTc).

Formule de Bazett : QTc = intervalle QT / √(intervalle RR)

Formule de Fridericia : QTc = intervalle QT / (intervalle RR1/3)

Formule de Framingham : QTc = intervalle QT + 154 x (1 – intervalle RR)

Formule de Hodges : QTc = intervalle QT + 1,75 x [(60 / intervalle RR) – 60]

Intervalle RR = 60 / HR

Calculer l’intervalle QTc corrigé

La formule de Bazett est la plus couramment utilisée. Cependant, toutes les formules susmentionnées ont été développées il y a plusieurs décennies et présentent de nombreux inconvénients. Par exemple, la formule de Bazett ne convient qu’aux adultes dont la fréquence cardiaque est comprise entre 60 et 90 battements par minute. La formule de Bazett est surajustée pour les fréquences cardiaques élevées et sous-ajustée pour les fréquences cardiaques faibles.

  1 à 15 ans, hommes et femmes Adulte, homme Adulte, femme
Normal <440 ms <430 ms <450 ms
Limite supérieure 440-460 ms 430-450 ms 450-470 ms
Prolongé >460 ms >450 ms >470 ms
Tableau 1 : Intervalles de référence pour la durée du QTc selon la formule de Bazett. Notez qu’un intervalle QTc >480 est toujours considéré comme pathologique. Pour les patients présentant des blocs de branche, le chiffre correspondant est >500 ms.

Il est recommandé d’utiliser le calcul automatique (machine) de l’intervalle QT corrigé. Ces intervalles QTc sont calculés par tous les appareils ECG modernes et les formules utilisées sont plus précises que celles énumérées ci-dessus. Il est recommandé de vérifier manuellement l’intervalle QTc lorsqu’il est prolongé.

Comment mesurer l’intervalle QT

Les experts estiment que les intervalles QT doivent être mesurés comme suit (Anderson et al.) :

  • L’intervalle QT doit être mesuré manuellement, depuis le début du complexe QRS jusqu’à la fin de l’onde T. L’intervalle QT doit être mesuré en millisecondes.
  • L’intervalle QT doit être mesuré sur 3 à 5 battements consécutifs dans les dérivations II, V5 et V6. Les dérivations sans ondes U sont préférables.
  • Calculez l’intervalle QT moyen pour chaque dérivation et utilisez l’intervalle QT le plus long obtenu.
  • Les grandes ondes U fusionnées avec l’onde T doivent être incluses dans la mesure. Cela peut entraîner une surestimation de l’intervalle QT.
  • Si le patient utilise des médicaments allongeant l’intervalle QT, l’intervalle QT doit être mesuré pendant les concentrations plasmatiques maximales de ce médicament.
  • L’intervalle QT doit être ajusté en fonction de la fréquence cardiaque.

Un intervalle QT long entraîne un syndrome du QT long

Un intervalle QTc anormalement prolongé est appelé intervalle QT long. La limite supérieure de référence pour l’intervalle QTc est de 460 ms chez l’homme et de 470 ms chez la femme. Les intervalles QTc dépassant ces limites peuvent provoquer des torsades de pointes. Si cela se produit, c’est-à-dire si une personne ayant un intervalle QT long présente de telles arythmies ventriculaires, on parle de syndrome du QT long (LQTS).

Causes de l’intervalle QT long

Un intervalle QT long est soit congénital (génétique), soit acquis.

Le syndrome du QT long congénital est causé par des mutations des canaux ioniques cardiaques. Plus de 10 types d’allongement congénital de l’intervalle QT ont été découverts. L’allongement congénital de l’intervalle QT est une affection très grave qui s’accompagne d’une mortalité élevée. Parmi les patients non traités qui ont connu un épisode de syncope, 20 % décèdent dans l’année qui suit. Heureusement, ce chiffre de mortalité peut être ramené à 1 % sur 15 ans de suivi grâce à l’utilisation de traitements fondés sur des données probantes. Trois types de LQTS (LQT1, LQT2 et LQT3) représentent environ 90 % de tous les cas de LQTS congénital. On estime que la prévalence de l’allongement congénital de l’intervalle QT est de 1 pour 2000 individus dans la population (chiffres de prévalence pour l’Italie). Il est important de noter que les personnes atteintes d’un allongement congénital de l’intervalle QT signalent souvent des syncopes ou des arrêts cardiaques inexpliqués dans leur famille. Ces informations héréditaires constituent un facteur prédictif important de la mort cardiaque subite.

Le syndrome du QT long acquis est causé par des médicaments (amiodarone, sotalol, procaïnamide), l’hypokaliémie, l’hypomagnésémie et une bradycardie prononcée. Étant donné que chacun de ces facteurs (médicaments, troubles électrolytiques et bradycardie) est courant, mais ne semble causer un allongement de l’intervalle QT que chez certains individus, on pense qu’il doit y avoir une susceptibilité génétique sous-jacente pour développer un syndrome du QT long acquis.

Le risque de développer une torsade de pointes (tachycardie ventriculaire polymorphe) est évident dans les cas d’allongement congénital et acquis de l’intervalle QT. Plus l’intervalle QT est long, plus le risque de torsade de pointes est élevé. En général, les torsades de pointes se développent lorsque l’intervalle QTc est supérieur à 490 millisecondes.

La torsade de pointes est généralement induite par un battement ventriculaire prématuré survenant au début du cycle cardiaque. Le risque de torsade de pointes augmente en cas de bradycardie. La torsade de pointes provoque une syncope (ou une pré-syncope), mais l’arythmie s’arrête généralement d’elle-même (dans les 30 secondes). Une minorité de cas de torsade de pointes évolue vers une fibrillation ventriculaire, qui est fatale si le traitement n’est pas administré rapidement. La figure 2 illustre la torsade de pointes.

Figure 2. Torsade de pointes (polymorphic ventricular tachycardia) caused by long QT syndrome.
Figure 2 : Torsade de pointes (tachycardie ventriculaire polymorphe) causée par un syndrome du QT long.

Outre l’intervalle QT lui-même, l’onde T peut fournir des informations précieuses sur le type de syndrome du QT long ; elle permet notamment de différencier le STLQ de type 1, le STLQ de type 2 et le STLQ de type 3. L’onde T doit être évaluée dans les dérivations thoraciques. Voir la figure 3. Les personnes atteintes de STLQ présentent parfois une alternance d’ondes T, ce qui signifie que l’amplitude ou la direction de l’onde T alterne d’un battement à l’autre. L’alternance d’ondes T est un indicateur de risque très élevé de torsades de pointes. Des pauses sinusales peuvent également se produire dans le cas d’un STLQ congénital.

Figure 3. Characteristics of T-waves in different types of LQTS (long QT syndrome).
Figure 3 : Caractéristiques des ondes T dans différents types de STLQ (syndrome du QT long).

Critères ECG pour les torsades de pointes

  • Intervalle QTc prolongé avant l’apparition de la torsade de pointes.
  • Torsion des complexes QRS autour de la ligne de base isoélectrique (tachycardie ventriculaire polymorphe).
ECG showing an episode of sinus rhythm (with multiple ventricular premature beats) spontaneously converting to Torsade de Pointes ventricular tachycardia. Notice how arterial blood pressure (ABP) drops at the onset of TdP. ECG by Nakstad et al (Scand J Trauma Resusc Emerg Med. 2010; 18: 7)
ECG montrant un épisode de rythme sinusal (avec de multiples battements ventriculaires prématurés) se transformant spontanément en tachycardie ventriculaire de type torsade de pointes. Notez la chute de la pression artérielle au début de la tachycardie de torsade de pointes. ECG par Nakstad et al. (Scand J Trauma Resusc Emerg Med. 2010 ; 18:7)
Torsade de Pointes ventricular tachycardia degenerating into ventricular fibrillation.
Tachycardie ventriculaire de type torsade de pointes dégénérant en fibrillation ventriculaire. ECG par Nakstad et al. (Scand J Trauma Resusc Emerg Med. 2010 ; 18 : 7)

Syndrome du QT long congénital (LQTS)

Au moins 13 variantes du syndrome du QT long congénital ont été décrites. Les mutations ont une transmission autosomique avec une pénétrance réduite. Les STLQ de type 1, 2 et 3 (appelés LQT1, LQT2 et LQT3) représentent 90 % de tous les cas de syndrome du QT long. Les types LQT1 et LQT2 représentent chacun environ 40 % de l’ensemble des cas.

Le syndrome du QT long de type 1 (LQT1) est causé par une mutation du canal potassique KCNQ1 (mutation de perte de fonction). Les arythmies surviennent généralement au cours d’une activité physique (pour une raison quelconque, la natation semble être hautement arythmogène) et dans d’autres situations où l’activité sympathique est élevée. Le LQT1 se caractérise par une onde T à base large (figure 3). Le LQT1 est le type le plus courant de LQTS congénital.

Le syndrome du QT long de type 2 (LQT2) est causé par une mutation du canal potassique KCNH2 (mutation de perte de fonction). Les arythmies surviennent typiquement lors de surprises soudaines (bruits soudains, peur ou autres situations de stress brusque et soudain), de stress, d’activité physique ou pendant le sommeil. L’onde T est de faible amplitude avec une bosse ou une encoche supplémentaire (figure 3). Les femmes atteintes de LQT2 qui se trouvent dans la période post-partum ont un risque très élevé de développer des torsades de pointes.

Syndrome du QT long de type 3 (LQT3) : il est causé par une mutation du canal sodique SCN5A (qui entraîne une augmentation des flux de sodium). Le risque d’arythmie est le plus élevé pendant le sommeil. La bradycardie est également très arythmogène chez ces patients. Le segment ST est allongé, l’onde T est tardive et pointue (figure 3).

Syndrome du QT long de type 4 (LQT4) : rare, il représente 1 % de l’ensemble des cas. La mutation se produit dans le gène ANKB qui produit une protéine qui ancre les protéines membranaires au cytosquelette. Le LQT4 peut provoquer de multiples arythmies, telles que la tachycardie ventriculaire catécholaminergique familiale, la fibrillation auriculaire, des défauts de conduction, un dysfonctionnement du nœud sinusal et une bradycardie.

Les autres variantes du LQTS sont extrêmement rares et font généralement partie de syndromes plus graves qui touchent plusieurs systèmes organiques. Ces types ne sont pas abordés ici.

Critères de Schwartz pour le diagnostic du STLQ congénital

Les critères de Schwartz sont utilisés pour diagnostiquer le STLQ congénital. Ces critères sont présentés dans le tableau 1.

Tableau 1 : Critères de diagnostic du syndrome du QT long (Schwartz et al.) :

Résultats de l’ECG CRITÈRES POINTS
Intervalle QTc ≥480 ms 3
  460-479 ms 2
  450-459 ms (homme) 1
QTc pendant la 4e minute de récupération après une épreuve d’effort ≥480 ms   1
Torsade de pointes   2
Alternance d’ondes T   1
Fréquence cardiaque basse pour l’âge (fréquence cardiaque au repos inférieure au 2e percentile)   0,5
Antécédents cliniques    
Syncope à l’effort   2
Syncope sans stress   1
Surdité congénitale   0,5
Antécédents familiaux    
Membres de la famille atteints d’un STLQ certain   1
Mort cardiaque subite inexpliquée avant l’âge de 30 ans parmi les membres de la famille immédiate   0,5
Critères de diagnostic du syndrome du QT long congénital selon Schwartz et al.

Évaluation du risque

  • ≤1 point : faible probabilité de syndrome du QT long.
  • 1,5 – 3 points : probabilité intermédiaire de syndrome du QT long.
  • ≥3,5 points : probabilité élevée.

Remarques

  • Les résultats de l’ECG ne sont valables qu’en l’absence de médicaments ou de troubles connus pour affecter ces caractéristiques électrocardiographiques.
  • Le QTc est calculé par la formule de Bazett où QTc = QT/√RR.
  • Seule une syncope ou une torsade de pointes peut être prise en compte.
  • Un même membre de la famille ne peut pas être pris en compte dans les deux critères de la rubrique “Antécédents familiaux”.

Syndrome du QT long induit par des médicaments et des drogues

Le syndrome du QT long causé par des médicaments est beaucoup plus fréquent que les variantes congénitales. Les médicaments susceptibles d’induire ou d’aggraver le syndrome du QT long comprennent l’adrénaline, certains antihistaminiques, l’érythromycine, le triméthoprime, le sulfa, la pentamidine, la quinidine, le procaïnamide, le disopyramide, le sotalol, le probucol, le bépridil, le dofétilide, l’ibutilide, le cisapride, le kétoconazole, l’itraconazole, les antidépresseurs tricycliques, les phénothiazines, l’halopéridol, l’indapamide, certains médicaments antiviraux, etc. (tableau 2). La liste des médicaments qui provoquent le STLQ est très longue et mise à jour en permanence. La liste complète est fournie par CredibleMeds (www.crediblemeds.com) qui bénéficie du soutien de la FDA.

Tableau 2 : Médicaments causant ou aggravant le syndrome du QT long.

CLASSE MÉDICAMENT ASSOCIATION RISQUE DE TORSADE DE POINTES EFFET COMMENTAIRES
Anesthésiques Enflurane Probable     Les interactions médicamenteuses entraînent un allongement de l’intervalle QT.
  Halothane Probable     Arythmies non spécifiques signalées dans la notice.
  Isoflurane Probable      
Antiarythmiques Amiodarone Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes La voie i.v. affecte moins le QTc que la voie orale ; proarythmie peu fréquente.
  Adénosine Proposé      
  Disopyramide Certain   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Le taux semble inférieur à celui de la quinidine.
  Dofétilide Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Proarythmie 0,8 %.
  Flécaïnide Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Proarythmie “rare”
  Ibutilide Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Proarythmie 1,7 %.
  Procaïnamide Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Le taux semble inférieur à celui de la quinidine.
  Propafénone Certain Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Proarythmie “rare”
  Quinidine Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes “Syncope due à la quinidine chez 2 à 6 % des patients.
  Sotalol Certain Élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Proarythmie ~2 %.
Anticonvulsivants Felbamate Proposé   Torsade de pointes, selon le fabricant.  
  Fosphénytoïne Proposé   Allongement de l’intervalle QT, selon le fabricant.  
Antidépresseurs Amitriptyline Certain Modéré   Modifications non spécifiques de l’ECG signalées dans la notice.
  Citalopram Probable      
  Désipramine Certain   Allongement de l’intervalle QT FV, mort subite signalée par le fabricant.
  Doxépine Certain Modéré    
  Fluoxétine Probable   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes 1 sur 10 000 arythmies ventriculaires rapportées par le fabricant.
  Imipramine Certain Modéré   Arythmies non spécifiques signalées dans la notice.
  Maprotiline Certain     Modifications de l’ECG ; QRS signalé dans la notice.
  Nortriptyline Certain     Arythmies non spécifiques signalées dans la notice.
  Paroxétine Probable   Torsade de pointes Risque plus faible que celui des TCA.
  Sertraline Probable   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Risque plus faible que celui des TCA.
  Venlafaxine Proposé   Allongement de l’intervalle QT Risque d’arythmie de 1:1000 signalé dans la notice.
Antihistaminiques Astémizole Certain Modéré Sans objet  
  Clémastine Proposé      
  Diphénhydramine Proposé      
  Loratadine Proposé Inconnu   Une prolongation semble improbable.
  Terfénadine Certain Modéré    
Anti-infectieux Clarithromycine Probable Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Érythromycine Certain Moyennement élevé Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Interactions médicamenteuses connues avec d’autres agents (par exemple, terfénadine).
  Fluconazole Probable     Le risque peut être plus élevé en cas d’administration i.v.
  Foscarnet Proposé   Allongement de l’intervalle QT  
  Ganciclovir Proposé      
  Gatifloxacine Probable   Allongement de l’intervalle QT  
  Grépafloxacine Certain      
  Halofantrine Certain Modéré    
  Kétoconazole Probable   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Interactions médicamenteuses connues avec d’autres agents (p. ex. cisapride).
  Lévofloxacine Proposé   Torsade de pointes Risque plus faible que celui d’agents similaires.
  Méfloquine Proposé     QT avec l’halofantrine.
  Moxifloxacine Probable   Allongement de l’intervalle QT Risque inférieur à celui d’agents similaires.
  Pentamidine Certain Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Quinine Probable Modéré    
  Sparfloxacine Certain      
  Triméthoprime-sulfaméthoxazole Proposé Faible    
Antipsychotiques Chlorpromazine Probable     Modifications non spécifiques de l’ECG et mort subite signalées par le fabricant.
  Clozapine Proposé      
  Halopéridol Certain Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Mésoridazine Certain   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Pimozide Certain   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Les interactions médicamenteuses peuvent également entraîner un allongement de l’intervalle QT.
  Quétiapine Proposé   Allongement de l’intervalle QT  
  Rispéridone Proposé   Allongement de l’intervalle QT Mort subite signalée par le fabricant.
  Sertindole Proposé Modéré    
  Thioridazine Certain Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Ziprasidone Certain   Allongement de l’intervalle QT  
Médicaments contre le cancer Arsenic trioxyde Certain   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Tamoxifène Probable   Allongement de l’intervalle QT Situations de surdosage.
           
Agents cardiovasculaires Bépridil Certain Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes Le QTc augmente d’environ 8 %.
  Indapamide Proposé   Allongement de l’intervalle QT  
  Isradipine Proposé   Allongement de l’intervalle QT selon le fabricant. Le QTc augmente d’environ 3 %.
  Mibéfradil Proposé      
  Moexipril hydrochlorothiazide Proposé   Allongement de l’intervalle QT selon le fabricant.  
  Nicardipine Proposé   Allongement de l’intervalle QT selon le fabricant.  
  Probucol Certain      
Agents gastro-intestinaux Cisapride Certain Modéré Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Octréotide Proposé   Allongement de l’intervalle QT  
  Droperidol Certain Certain Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Dolasétron Proposé   Allongement de l’intervalle QT selon le fabricant.  
Agents de la migraine Naratriptan Probable   Allongement de l’intervalle QT  
  Sumatriptan Probable   Allongement de l’intervalle QT  
  Rizatriptan Probable     Risque d’arythmie 1:1000.
  Zolmitriptan Probable   Allongement de l’intervalle QT  
Agents divers Amantadine Faible      
  Épinéphrine Proposé      
  Lévométhadyl Probable   Allongement de l’intervalle QT, torsade de pointes  
  Méthadone Probable     Syncope selon le fabricant.
  Salmétérol Proposé   Allongement de l’intervalle QT selon le fabricant.  
  Tacrolimus Proposé      
  Tizanidine Probable   Allongement de l’intervalle QT Risque d’arythmie de 1 pour 1000.
Adapté de Crouch et al. Clinical Relevance and Management of Drug-Related QT Interval Prolongation (Pharmacotherapy 2003;23(7):881-908)

Prise en charge du syndrome du QT long (LQTS)

Torsade de pointes avec atteinte hémodynamique

Les torsades de pointes provoquant une syncope sont traitées par défibrillation. Commencez par 150 J (choc biphasique) et augmentez de 50 J pour chaque choc. La fibrillation ventriculaire et l’arrêt cardiaque sont traités par la réanimation conventionnelle.

Torsade de pointes hémodynamiquement stable

Le traitement des torsades de pointes est similaire pour le STLQ congénital et acquis. Les torsades de pointes sont paroxystiques, ce qui signifie que l’arythmie se produit par intermittence et s’arrête d’elle-même. Elle a tendance à réapparaître, même après une défibrillation réussie. Il existe toujours un risque de fibrillation ventriculaire, c’est pourquoi un défibrillateur doit être à portée de main et il est nécessaire d’être prêt à effectuer une réanimation.

Algorithme de traitement

  1. Tous les médicaments ou drogues susceptibles de provoquer ou d’aggraver l’arythmie doivent être immédiatement arrêtés.
  2. Perfusion de magnésium (quel que soit le taux de magnésium dans le sang) : 1 gramme de magnésium est administré par voie intraveineuse pendant 60 secondes. Cette opération peut être répétée après 5 à 10 minutes. Si une perfusion continue est nécessaire, la dose est de 5-10 mg/min.
  3. Perfusion de potassium : n’est nécessaire que si le patient présente une hypokaliémie.
  4. La bradycardie doit être corrigée : la bradycardie peut induire et aggraver les torsades de pointes. Pour corriger la bradycardie, les options suivantes sont disponibles :
    • atropine i.v. 1-2 ml 0,5 mg/ml.
    • isoprénaline (isoprotérénol) 0,01 μg/kg/min, qui est augmentée jusqu’à ce que la bradycardie disparaisse. Notez que l’isoprénaline doit être administrée avec précaution car elle active les récepteurs bêta-adrénergiques, ce qui explique qu’elle puisse aggraver l’arythmie. Dans le cas d’un SQTL congénital, l’isoprénaline est contre-indiquée car le risque de fibrillation ventriculaire est élevé. Par conséquent, l’isoprénaline ne peut être utilisée que dans le cas d’un SQTL acquis et de façon temporaire jusqu’à ce qu’un stimulateur cardiaque puisse être mis en place.
    • stimulateur cardiaque temporaire transcutané/transveineux. L’électrode du stimulateur cardiaque doit être placée dans les oreillettes et la fréquence doit être réglée à 90 battements par minute. La fréquence peut être augmentée progressivement jusqu’à ce que l’arythmie disparaisse.

La raison d’être de l’atropine, de l’isoprénaline et du stimulateur cardiaque est simple : ces trois interventions augmentent la fréquence cardiaque, ce qui réduit l’intervalle QTc et met ainsi fin à la torsade de pointes.

Traitement à long terme du syndrome du QT long acquis

Aucun traitement n’est nécessaire après le retrait des médicaments à l’origine du syndrome.

Traitement à long terme du syndrome du QT long congénital

Les bêta-bloquants sont très efficaces dans le syndrome du QT long congénital. La mortalité est considérablement réduite si le bon médicament et la bonne dose sont administrés. Le propranolol (généralement suffisant avec 3 mg/kg/jour) et le nadolol (généralement suffisant avec 1 mg/kg/jour) sont les médicaments les plus efficaces. Le métoprolol a un effet prouvé mais est moins efficace que le propranolol et le nadolol. Il n’y a pas d’études disponibles sur l’aténolol, qui ne peut donc pas être recommandé. Les patients présentant une bradycardie prononcée ne doivent pas recevoir de bêta-bloquants en raison du risque de provoquer des torsades de pointes.

Un stimulateur cardiaque artificiel peut être nécessaire si la dose maximale de bêta-bloquants est insuffisante. Si le stimulateur cardiaque est également insuffisant, une sympathectomie peut être envisagée. La sympathectomie signifie que les ganglions du nerf sympathique (thoracique) sont enlevés chirurgicalement, ce qui conduit à l’élimination de la stimulation adrénergique du cœur. Cette méthode est efficace mais nécessite une intervention chirurgicale.

Le DAI (défibrillateur automatique implantable) est utilisé dans les cas suivants :

  • Patients ayant subi un arrêt cardiaque.
  • Patients ayant subi une syncope malgré un traitement optimal (dose maximale de bêta-bloquant, stimulateur cardiaque et éventuellement sympathectomie).
  • Si l’anamnèse est très inquiétante et que l’intervalle QTc est > 550 ms. L’alternance d’ondes T et la pause sinusale corroborent cette hypothèse.

Syndrome du QT court (SQTS)

Le syndrome du QT court est extrêmement rare mais peut provoquer une tachycardie ventriculaire polymorphe. Il est défini par un intervalle QTc < 0,35 s. Notez que l’hypercalcémie et la digoxine peuvent également raccourcir l’intervalle QTc.

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