Rythme auriculaire ectopique (EAT), tachycardie auriculaire (AT) et tachycardie auriculaire multifocale (MAT)
Rythmes auriculaires: rythme auriculaire ectopique, tachycardie auriculaire et tachycardie auriculaire multifocale
Tachycardie auriculaire ectopique (ou simplement tachycardie auriculaire) surviennent lorsqu’un foyer ectopique dans l’une des oreillettes décharge des impulsions à un rythme plus élevé que le nœud sinusal. Ce phénomène est dû à une automaticité anormale ou à une réentrée (l’activité déclenchée est beaucoup moins fréquente) qui se produit dans le foyer ectopique. Le rythme auriculaire varie de 120 à 250 battements par minute. Il convient de noter que la fréquence ventriculaire doit être supérieure à 100 battements par minute pour que l’on puisse parler de tachycardie auriculaire ectopique. Si la fréquence ventriculaire est inférieure, il s’agit d’une tachycardie atriale ectopique. rythme auriculaire ectopique.
La tachycardie auriculaire ectopique touche principalement les personnes souffrant de maladies cardiaques, mais elle survient occasionnellement chez des personnes par ailleurs en bonne santé. La présence d’une maladie pulmonaire, l’utilisation de théophyllamine et de catécholamines peuvent induire une tachycardie auriculaire. La tachycardie commence brusquement, bien qu’elle ait parfois une période d’échauffement initiale de 5 à 10 secondes. La tachycardie auriculaire se caractérise par des salves courtes et rapides. Dans la plupart des cas, elle s’arrête d’elle-même, mais elle peut réapparaître et, dans certains cas, persister plus longtemps. Comme pour toute autre tachycardie de longue durée, il existe un risque de développer cardiomyopathie induite par la tachycardie.
Les enfants peuvent être atteints d’un type particulier de tachycardie auriculaire causée par des restes embryologiques dans les oreillettes. Ces restes embryologiques peuvent avoir une automaticité très élevée.
Notez que le terme “ectopique” est souvent abandonné lorsqu’il s’agit de ces arythmies.
L’ECG en cas de rythme auriculaire ectopique et de tachycardie auriculaire
- Un rythme régulier avec des ondes P qui diffèrent (en termes de contour/apparence) des ondes P sinusales. Si les ondes P de la dérivation II sont rétrogrades (négatives), le diagnostic est simple car les ondes P sinusales ne peuvent jamais être négatives dans la dérivation II. Si les ondes P sont positives dans la dérivation II, il est généralement nécessaire de comparer le contour des ondes P pendant la tachycardie avec les ondes P pendant le rythme sinusal.
- La ligne isoélectrique (ligne de base) ne présente pas de motif en dents de scie, comme c’est le cas pendant le flutter auriculaire.
- Toutes les ondes P sont suivies de complexes QRS. Le bloc AV est inhabituel, sauf si le patient est traité à la digoxine.
- Le rythme ventriculaire est régulier, compris entre 100 et 250 battements par minute en cas de tachycardie auriculaire, et inférieur à 100 battements par minute en cas de rythme auriculaire.
Voir les exemples d’ECG dans Figures 1, 2 et 3 ci-dessous.
Causes de la tachycardie auriculaire ectopique et du rythme auriculaire ectopique
- Effet secondaire de la digoxine.
- Insuffisance cardiaque congestive.
- Maladie pulmonaire (BPCO, hypertension pulmonaire, etc.).
- Cardiopathie ischémique (maladie coronarienne).
- Maladie cardiaque structurelle de quelque nature que ce soit.
Traitement de la tachycardie auriculaire
Arrêter digoxine est suffisante chez les patients qui utilisent le médicament. La prise en charge de tous les autres patients suit la la prise en charge de la fibrillation auriculaire et du flutter auriculaire (voir ces articles). Les bêta-bloquants, la digoxine et les inhibiteurs calciques peuvent tous être utilisés pour réduire la fréquence ventriculaire. Si ces interventions sont inadéquates, il est raisonnable d’essayer des médicaments antiarythmiques de classe IA, IC ou III. Une thérapie d’ablation doit être envisagée en cas de risque de récidive. Il convient de noter que la cardioversion électrique ne doit pas être tentée car elle est inefficace pour traiter la tachycardie auriculaire.
Tachycardie auriculaire multifocale
La tachycardie auriculaire multifocale est une variante inhabituelle de la tachycardie auriculaire ectopique. Comme le montre la figure 4, elle se caractérise par un rythme irrégulier avec des ondes P clairement visibles (contrairement à la fibrillation auriculaire), mais la morphologie des ondes P varie d’un battement à l’autre. Cela s’explique par la présence de multiples foyers ectopiques qui déchargent des impulsions conduisant à l’activation de l’oreillette. La tachycardie auriculaire multifocale débute progressivement. Dans la plupart des cas, il y a une réponse ventriculaire 1:1, ce qui signifie que toutes les impulsions auriculaires sont conduites vers les ventricules. La fréquence ventriculaire se situe entre 100 et 150 battements par minute.
La tachycardie auriculaire multifocale peut être intermittente avec des périodes intermédiaires de rythme sinusal. Les causes sous-jacentes les plus fréquentes sont l’insuffisance cardiaque, l’ischémie auriculaire, l’augmentation de la pression auriculaire, l’utilisation de théophyllamine ou les maladies pulmonaires chroniques (en particulier la bronchopneumopathie chronique obstructive). Une tachycardie auriculaire multifocale peut survenir chez les enfants.
Il est à noter que si le rythme auriculaire est inférieur à 100 battements par minute, on parle de rythme auriculaire multifocal.
Traitement de la tachycardie auriculaire multifocale
Le traitement doit viser la cause sous-jacente. Il permet généralement de résoudre l’arythmie. La cardioversion électrique est contre-indiquée car elle peut aggraver l’arythmie. Les bêta-bloquants doivent être considérés comme le premier choix (à condition que la maladie pulmonaire n’en limite pas l’utilisation). Médicaments antiarythmiques ont des effets insatisfaisants. Le diltiazem, le vérapamil et l’amiodarone peuvent être envisagés. En outre, la substitution du magnésium et du potassium doit également être envisagée.