Cardiomyopathie de Takotsubo (syndrome du cœur brisé, cardiomyopathie induite par le stress)
Cardiomyopathie de Takotsubo (syndrome du cœur brisé, syndrome de ballonnement apical, cardiomyopathie induite par le stress)
La cardiomyopathie de Takotsubo (syndrome du cœur brisé) est une affection assez particulière et certainement aiguë. De nombreuses recherches lui ont été consacrées ces dernières années. La plupart des cas (70 %) de cardiomyopathie de Takotsubo surviennent dans des situations de stress extrême, telles que les accidents de voiture, la violence armée, les menaces ou toute situation dans laquelle la vie de l’individu est (ou est perçue comme étant) en danger. La cardiomyopathie de Takotsubo est beaucoup plus fréquente chez les femmes (70 % sont des femmes) et les personnes âgées.
Caractéristiques cliniques et modifications de l’ECG dans la cardiomyopathie de Takotsubo
Le patient typique présente une douleur thoracique sévère, une dyspnée et parfois un trouble hémodynamique. L’ECG montre des élévations localisées du segment ST, des inversions de l’onde T et parfois des ondes Q pathologiques. Les taux de troponine sont souvent légèrement élevés. La cardiomyopathie de takotsubo ne peut donc pas être différenciée de l’infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST.
En raison de leur présentation clinique, ces patients sont immédiatement orientés vers une angiographie mais aucune occlusion de l’artère coronaire ne peut être identifiée. L’injection d’un produit de contraste dans le ventricule révélera plutôt que la partie apicale du ventricule gauche est dilatée (d’où le terme syndrome de ballonnement apical). Ce syndrome a été décrit pour la première fois en 1991 au Japon et les auteurs l’ont appelé takotsubo, qui est le mot japonais pour une sorte de piège à pieuvre (le ventricule gauche prend la forme de ce piège à pieuvre). Voir les figures 1 et 2.
Des études menées aux États-Unis et au Japon ont estimé que jusqu’à 2 % des patients orientés vers une ICP avec une suspicion de STE-ACS/STEMI sont en fait atteints de takotsubo. Des études antérieures ont rapporté que 98 cas sur 100 se rétablissaient complètement. Des études plus récentes ont rapporté des taux de mortalité atteignant 4%.
ECG dans la cardiomyopathie de takotsubo (syndrome du cœur brisé)
- 80 % des patients présentent des élévations localisées du segment ST (principalement dans les dérivations thoraciques). La morphologie des élévations du segment ST ne peut être différenciée de celles observées dans le STEMI/STE-ACS.
- 64 % présentent des modifications de l’onde T (principalement des inversions) accompagnant les élévations du segment ST.
- 32% ont des ondes Q pathologiques.
Bien que plusieurs critères aient été proposés, l’ECG ne permet pas de distinguer la cardiomyopathie takotsubo du STE-ACS/STEMI (Johnsson et al Int J Cardiol, 2011). Par conséquent, ces patients doivent être traités comme des STE-ACS/STEMI jusqu’à ce qu’une angiographie soit réalisée. Il convient de noter que les troponines peuvent être élevées mais l’élévation est généralement discrète et ne correspond pas au degré d’atteinte du ventricule gauche.
Physiopathologie de la cardiomyopathie de takotsubo (syndrome du cœur brisé)
Ce sujet est encore à l’étude. Un certain nombre de mécanismes plausibles ont été suggérés. Parmi eux figurent le vasospasme de l’artère coronaire, le dysfonctionnement de la fonction capillaire et la toxicité des catécholamines. Cette dernière théorie est corroborée par le fait que 75 % des patients présentent une augmentation des taux plasmatiques de catécholamines.