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Interprétation de l'ECG clinique

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  1. Introduction à l'interprétation de l'ECG
    6 Chapters
  2. Arythmies et Arythmologie
    24 Chapters
  3. Ischémie myocardique et infarctus du myocarde
    22 Chapters
  4. Défauts de conduction auriculaire et ventriculaire
    11 Chapters
  5. Hypertrophie et hypertrophie cardiaques
    5 Chapters
  6. Effet des médicaments et du déséquilibre électrolytique sur l'ECG et le rythme cardiaque
    3 Chapters
  7. Génétique, syndromes et affections diverses entraînant des modifications de l'ECG
    7 Chapters
  8. Test de stress à l'effort (ECG à l'effort)
    6 Chapters
Section 1, Chapter 5

Interprétation de l’ECG : Caractéristiques de l’ECG normal (onde P, complexe QRS, segment ST, onde T)

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Interprétation de l’ECG : définitions, critères et caractéristiques des ondes, intervalles, durées et rythmes normaux de l’ECG.

Il s’agit sans doute de l’un des chapitres les plus importants de ce cours. Au cœur de l’interprétation de l’ECG se trouve la capacité à déterminer si les ondes et les intervalles de l’ECG sont normaux. Ce chapitre se concentre sur les ondes ECG en termes de morphologie (apparence), de durées et d’intervalles. Une discussion assez approfondie est fournie afin de donner au lecteur une connaissance solide des constatations normales, des variantes normales (c’est-à-dire des variantes moins courantes de ce qui est considéré comme normal) et des variantes pathologiques. Ainsi, dans ce chapitre, vous apprendrez la base physiologique de toutes les ondes ECG et comment déterminer si l’ECG est normal ou anormal. Bien que le rythme cardiaque soit abordé en détail dans les chapitres suivants, les aspects fondamentaux du rythme seront également couverts dans cette discussion (se référer à Rythme normal et arythmies). Notez également que ce chapitre est accompagné d’une conférence vidéo complète (Conférence vidéo : L’ECG normal).

Aperçu de l’électrocardiogramme (ECG) normal

L’interprétation de l’ECG implique l’évaluation de la morphologie (apparence) des ondes et des intervalles sur la courbe ECG. L’interprétation de l’ECG nécessite donc une évaluation structurée des ondes et des intervalles. Avant d’examiner chaque composante en détail, un bref aperçu des ondes et des intervalles est donné.

Figure 1. La courbe ECG classique avec les formes d’ondes les plus courantes. Les intervalles et les points de mesure importants sont indiqués. L’interprétation de l’ECG nécessite la connaissance de ces formes d’onde et de ces intervalles.

L’onde P, l’intervalle PR et le segment PR

L’interprétation de l’ECG commence traditionnellement par une évaluation de l’onde P. L’onde P reflète la dépolarisation auriculaire (activation). L’onde P reflète la dépolarisation (activation) de l’oreillette. L’intervalle PR est la distance entre l’apparition de l’onde P et l’apparition du complexe QRS. L’intervalle PR est évalué afin de déterminer si la conduction de l’impulsion des oreillettes vers les ventricules est normale. La ligne plate entre la fin de l’onde P et le début du complexe QRS est appelée segment PR et reflète la lenteur de la conduction des impulsions à travers le nœud auriculo-ventriculaire. Le segment PR sert de ligne de base (également appelée ligne de référence ou ligne isoélectrique) de la courbe ECG. L’amplitude de toute déflexion/onde est mesurée en utilisant le segment PR comme ligne de base. Voir Figure 1.

The QRS complex

Le complexe QRS représente la dépolarisation (activation) des ventricules. Il est toujours appelé “complexe QRS”, bien qu’il ne présente pas toujours les trois ondes. Le vecteur électrique généré par le ventricule gauche étant plusieurs fois supérieur au vecteur généré par le ventricule droit, le complexe QRS est en fait le reflet de la dépolarisation du ventricule gauche. La durée du complexe QRS est l’intervalle de temps entre le début et la fin du complexe QRS. Un complexe QRS court est souhaitable car il prouve que les ventricules sont dépolarisés rapidement, ce qui implique que le système de conduction fonctionne correctement. Un complexe QRS large indique que la dépolarisation ventriculaire est lente, ce qui peut être dû à un dysfonctionnement du système de conduction.

Le point J et le segment ST

Le segment ST correspond à la phase plateau (phase 2) du potentiel d’action. Le segment ST doit toujours être étudié avec soin car il est modifié dans un grand nombre de conditions. Bon nombre de ces conditions entraînent des modifications assez caractéristiques du segment ST. Le segment ST est particulièrement intéressant dans le cadre d’une ischémie myocardique aiguë car l’ischémie provoque une déviation du segment ST (déviation du segment ST). Il existe deux types de déviations du segment ST. La dépression du segment ST implique que le segment ST est déplacé, de sorte qu’il se trouve en dessous du niveau du segment PR. implique que le segment ST est déplacé, de sorte qu’il se trouve au-dessus du niveau du segment PR. L’ampleur de la dépression ou de l’élévation est mesurée par la différence de hauteur (en millimètres) entre le point J et le segment PR. Le point J est le point de départ du segment ST. Si la ligne de base (segment PR) est difficile à discerner, l’intervalle TP peut être utilisé comme niveau de référence.

L’onde T

L’onde T reflète la repolarisation rapide des cellules contractiles (phase 3) et les modifications de l’onde T se produisent dans un large éventail de conditions. Les modifications de l’onde T sont souvent mal comprises dans la pratique clinique, ce à quoi la discussion ci-dessous tentera de remédier. La transition entre le segment ST et l’onde T doit être douce (et non abrupte). L’onde T normale est légèrement asymétrique, avec une pente descendante plus prononcée.

L’onde U

L’onde U est observée occasionnellement. Il s’agit d’une onde positive qui se produit après l’onde T. Son amplitude est généralement d’un quart de l’amplitude de l’onde T. Son amplitude est généralement égale à un quart de l’amplitude de l’onde T. L’onde U est le plus souvent observée dans les dérivations V2-V4. L’onde U est le plus souvent observée dans les dérivations V2-V4. Les personnes présentant des ondes T proéminentes, ainsi que celles dont le rythme cardiaque est lent, présentent plus souvent des ondes U. La genèse de l’onde U reste insaisissable.

Intervalle QT (durée) et intervalle QTc

La durée du QT reflète la durée totale de la dépolarisation et de la repolarisation ventriculaires. Elle est mesurée à partir du début du complexe QRS jusqu’à la fin de l’onde T. La durée du QT est inversement liée à la fréquence cardiaque. La durée du QT est inversement liée à la fréquence cardiaque, c’est-à-dire que l’intervalle QT augmente à des fréquences cardiaques plus lentes et diminue à des fréquences cardiaques plus élevées. Par conséquent, pour déterminer si l’intervalle QT se situe dans les limites normales, il est nécessaire de tenir compte de la fréquence cardiaque. L’intervalle QT ajusté à la fréquence cardiaque est appelé intervalle QT corrigé (intervalle QTc). Un intervalle QTc long augmente le risque d’arythmie ventriculaire.

Nous allons maintenant examiner en détail chaque GEC de ces composants.

L’onde P

L’interprétation de l’ECG commence généralement par une évaluation de l’onde P. L’onde P est une petite onde positive et lisse. L’onde P est une petite onde positive et lisse. Elle est petite parce que les oreillettes constituent une masse musculaire relativement petite. Si le rythme est sinusal (c’est-à-dire dans des circonstances normales), le vecteur de l’onde P est dirigé vers le bas et vers la gauche dans le plan frontal, ce qui donne une onde P positive dans la dérivation II (Figure 2, côté droit). L’onde P est toujours positive dans la dérivation II en rythme sinusal. Ceci est assez facile à comprendre car la dérivation II est inclinée le long du vecteur de l’onde P et l’électrode exploratrice est située en face du vecteur de l’onde P (Figure 2, côté droit).

Le vecteur de l’onde P est légèrement incurvé dans le plan horizontal. Il est initialement dirigé vers l’avant mais tourne ensuite vers la gauche pour activer l’oreillette gauche (Figure 2, côté gauche). La dérivation V1 peut donc présenter une onde P biphasique, ce qui signifie que la plus grande partie de l’onde P est positive mais que la partie terminale est légèrement négative (le vecteur généré par l’activation de l’oreillette gauche s’éloigne de V1). Parfois, la déflexion négative est également observée dans la dérivation V2. La dérivation V5 ne note que les vecteurs qui se dirigent vers l’électrode exploratrice (bien qu’avec des angles quelque peu variables) et affiche donc une onde P positive tout au long de l’examen.

Figure 2. Morphologie de l’onde P dans les dérivations du thorax et des membres. (A) La dépolarisation se déplace initialement vers V1, qui présente une déviation positive (bleu). L’impulsion tourne ensuite vers l’oreillette gauche et s’éloigne de V1, ce qui peut générer (si l’impulsion est détectée) une petite déviation négative dans V1 (rouge). Par conséquent, les ondes P peuvent apparaître biphasiques dans V1. Pendant ce temps, V5 détecte une dépolarisation qui se déplace plus ou moins vers lui, générant une onde P positive. (B) Le vecteur auriculaire est dirigé vers le bas et vers la gauche (environ 60 degrés) dans le plan frontal. Comme le montre le système de coordonnées, la dérivation II est inclinée de 60 degrés dans le plan frontal, de sorte que le vecteur auriculaire dans le plan frontal est dirigé vers la dérivation II (à condition que l’impulsion provienne du nœud sinusal). Par conséquent, l’onde P est toujours positive dans la dérivation II pendant le rythme sinusal. Le plus souvent, l’onde P est également positive dans les dérivations aVL, -aVR, aVF, I, V4, V5 et V6.

La figure 2 (ci-dessus) ne montre pas que l’onde P de la dérivation II peut en fait être légèrement asymétrique en présentant deux bosses. Ce phénomène est souvent (mais pas toujours) observé sur les tracés ECG ordinaires et s’explique par le fait que les oreillettes sont dépolarisées de manière séquentielle, l’oreillette droite étant dépolarisée avant l’oreillette gauche. La première moitié de l’onde P est donc le reflet de la dépolarisation de l’oreillette droite et la seconde moitié est le reflet de la dépolarisation de l’oreillette gauche. Ceci est illustré dans la figure 3 (panneau supérieur). Rappelons que l’onde P dans V1 est souvent biphasique, ce qui est également illustré dans la figure 3.

Figure 3. Contour de l’onde P normale et anormale (P pulmonaire et P mitrale).

Si une oreillette est élargie (généralement par un mécanisme compensatoire), sa contribution à l’onde P sera renforcée. L’hypertrophie des oreillettes gauche et droite entraîne des modifications typiques de l’onde P dans les dérivations II et V1 (Figure 3).

L’élargissement de l’oreillette droite est généralement la conséquence d’une résistance accrue à l’évacuation du sang dans le ventricule droit. Cela peut être dû à une sténose de la valve pulmonaire, à une augmentation de la pression dans l’artère pulmonaire, etc. L’oreillette droite doit alors s’agrandir (hypertrophie) pour réussir à pomper le sang dans le ventricule droit. L’élargissement de l’oreillette droite (hypertrophie) entraîne des courants électriques plus forts et donc une augmentation de la contribution de l’oreillette droite à l’onde P. L’onde P affichera une amplitude plus élevée. L’onde P présente une amplitude plus élevée dans les dérivations II et V1. Une telle onde P est appelée P pulmonaire car les maladies pulmonaires sont les causes les plus courantes (Figure 3, P-pulmonale).

Si l’oreillette gauche rencontre une résistance accrue (par exemple en raison d’une sténose de la valve mitrale), elle s’élargit (hypertrophie), ce qui amplifie sa contribution à l’onde P. La deuxième bosse de la dérivation II s’élargit et la déviation négative de V1 s’accentue. La deuxième bosse de la dérivation II s’élargit et la déviation négative de V1 s’accentue. Ce phénomène est appelé P mitrale, car la maladie de la valve mitrale en est une cause fréquente (Figure 25, P-mitrale).

Si les oreillettes sont dépolarisées par des impulsions générées par des cellules situées en dehors du nœud sinusal (c’est-à-dire par un foyer ectopique), la morphologie de l’onde P peut différer des ondes P du rythme sinusal. Si le foyer ectopique est situé à proximité du nœud sinusal, l’onde P aura une morphologie similaire à l’onde P du rythme sinusal. Cependant, un foyer ectopique peut être situé n’importe où. S’il est situé près du nœud auriculo-ventriculaire, l’activation des oreillettes se fera dans la direction opposée, ce qui produit une onde P inversée (rétrograde).

Liste de contrôle de l’onde P

  • L’onde P est toujours positive dans la dérivation II en rythme sinusal.
  • L’onde P est pratiquement toujours positive dans les dérivations aVL, aVF, -aVR, I, V4, V5 et V6. Elle est négative dans la dérivation aVR.
  • L’onde P est fréquemment biphasique dans V1 (occasionnellement dans V2). La déflexion négative est normalement de 1 mm.
  • La durée de l’onde P doit être ≤0,12 secondes.
  • l’amplitude de l’onde P doit être de <2,5 mm dans les dérivations des membres.
  • P-pulmonale implique que l’onde P a une amplitude anormalement élevée dans la dérivation II (et dans les autres dérivations en général).
  • P-mitrale implique que la deuxième bosse de l’onde P dans la dérivation II et la déviation négative de l’onde P dans la dérivation V1 sont toutes deux renforcées.

Intervalle PR et segment PR

L’intervalle PR commence au début de l’onde P et se termine au début du complexe QRS (Figure 1). Il reflète l’intervalle de temps entre le début de la dépolarisation auriculaire et le début de la dépolarisation ventriculaire. L’intervalle PR est évalué afin de déterminer si la conduction de l’impulsion des oreillettes vers les ventricules est normale en termes de vitesse. L’intervalle PR ne doit être ni trop long ni trop court. Un intervalle PR normal se situe entre 0,12 seconde et 0,22 seconde.

La ligne plate entre la fin de l’onde P et le début du complexe QRS est appelée le segment PR et reflète la conduction lente de l’impulsion à travers le nœud auriculo-ventriculaire. Le segment PR sert de ligne de base (également appelée ligne de référence ou ligne isoélectrique) de la courbe ECG. L’amplitude de toute déflexion/onde est mesurée en utilisant le segment PR comme ligne de base.

Figure 4. Transmission de l’impulsion des oreillettes aux ventricules. L’intervalle PR indique si la transmission de l’impulsion à travers le nœud AV est normale (A), anormalement lente (B) ou court-circuitée (C).

De nombreuses conditions peuvent diminuer la capacité du nœud auriculo-ventriculaire à conduire l’impulsion auriculaire vers les ventricules. Lorsque la conduction diminue, l’intervalle PR s’allonge. Lorsque l’intervalle PR dépasse 0,22 seconde, un bloc AV du premier degré se manifeste. Le terme bloc est quelque peu trompeur puisqu’il s’agit en fait d’un retard anormal et non d’un bloc per se. La cause la plus fréquente de bloc AV du premier degré est la fibrose dégénérative (liée à l’âge) du système de conduction. L’ischémie/infarctus du myocarde et les médicaments (par exemple les bêta-bloquants) peuvent également être à l’origine d’un bloc AV du premier degré. Notez que la limite supérieure de référence (0,22 seconde) doit être liée à l’âge du patient ; 0,20 seconde est plus approprié pour les jeunes adultes car ils ont une conduction d’impulsion plus rapide. Voir la figure 4 (deuxième panneau). Les blocs AV sont abordés en détail plus loin.

Le nœud auriculo-ventriculaire (AV) est normalement la seule connexion entre les oreillettes et les ventricules. Les oreillettes et les ventricules sont isolés électriquement les uns des autres par les anneaux fibreux (annulus fibrosus). pré-excitation car les ventricules sont excités prématurément. Ceci est illustré dans la Figure 4 (troisième panneau). Comme le montre la Figure 4 (troisième panneau), la dépolarisation initiale des ventricules (qui commence là où la voie accessoire s’insère dans le myocarde ventriculaire) est lente parce que l’impulsion ne se propage pas par la voie normale de His-Purkinje. La lenteur de la dépolarisation initiale se traduit par une onde delta sur l’ECG (Figure 4, troisième panneau). Cependant, en dehors de l’onde delta, l’onde R apparaît normale car la dépolarisation ventriculaire s’effectue normalement dès que le nœud auriculo-ventriculaire transmet l’impulsion au système de His-Purkinje.

Liste de contrôle de l’intervalle RP

  • Intervalle PR normal : 0,12-0,22 secondes. La limite supérieure de référence est de 0,20 seconde chez les jeunes adultes.
  • Un intervalle PR prolongé (>0,22 s) est compatible avec un bloc AV du premier degré.
  • Un intervalle PR raccourci (<0,12 s) indique une pré-excitation (présence d’une voie accessoire). Il est associé à une onde delta.

Le complexe QRS (complexe ventriculaire)

Un complexe QRS complet se compose d’une onde Q, d’une onde R et d’une onde S. Cependant, ces trois ondes peuvent ne pas être visibles et il existe toujours une variation entre les dérivations. Cependant, les trois ondes peuvent ne pas être visibles et il y a toujours des variations entre les dérivations. Certaines dérivations peuvent afficher toutes les ondes, tandis que d’autres n’en affichent qu’une seule. Quelles que soient les ondes visibles, l’onde ou les ondes qui reflètent la dépolarisation ventriculaire sont toujours appelées le complexe QRS.

Nom des ondes du complexe QRS :

La dénomination des ondes du complexe QRS est simple mais souvent mal comprise. Les règles suivantes s’appliquent à la dénomination des ondes :

  • Une déviation n’est qualifiée de vague que si elle passe la ligne de fond.
  • Si la première onde est négative, on parle d’onde Q. Si la première onde n’est pas négative, le complexe QRS ne possède pas d’onde Q, quelle que soit l’apparence du complexe QRS.
  • Toutes les ondes positives sont appelées ondes R. La première onde positive est simplement une “onde R” (R). La deuxième vague positive est appelée “R-prime wave” (R’). Si une troisième vague positive se produit (ce qui est rare), elle est appelée “vague R-bis” (R”).
  • Toute vague négative survenant après une vague positive est une vague S.
  • Les grandes vagues sont désignées par leurs lettres majuscules (Q, R, S) et les petites vagues par leurs lettres minuscules (q, r, s).

La figure 5 présente des exemples de dénomination du complexe QRS.

Figure 5. Naming of the QRS complex.
Figure 5. Désignation du complexe QRS.

Direction nette du complexe QRS

Le complexe QRS peut être classé comme positif net ou négatif net, en fonction de sa direction nette. Le complexe QRS est positif net si la somme des zones positives (au-dessus de la ligne de base) dépasse celle des zones négatives (au-dessous de la ligne de base). Voir Figure 6, panneau A. Ces calculs sont effectués de manière approximative, simplement à l’œil nu. Le panneau B de la figure 6 montre un complexe QRS négatif net parce que les zones négatives sont plus grandes que les zones positives.

Figure 6. Approximations de la direction nette du complexe QRS. Les zones positives sont en jaune et les zones négatives en vert.

Vecteurs électriques à l’origine du complexe QRS

La dépolarisation des ventricules génère trois grands vecteurs, ce qui explique que le complexe QRS soit composé de trois ondes. Il est fondamental de comprendre la genèse de ces ondes et, bien qu’elle ait été abordée précédemment, il convient de la rappeler brièvement. La figure 7 illustre les vecteurs dans le plan horizontal. Étudiez attentivement la figure 7, car elle illustre comment l’onde P et le complexe QRS sont générés par les vecteurs électriques.

Figure 7. Les principaux vecteurs électriques du coeur vus du plan horizontal. V1 et V5 sont des électrodes exploratrices et la référence est composée de la moyenne des électrodes placées sur les membres (cette référence est appelée terminal central de Wilson).

Notez que le premier vecteur de la Figure 7 n’est pas abordé ici car il appartient à l’activité auriculaire.

Le deuxième vecteur : le septum ventriculaire (interventriculaire)

Le septum ventriculaire reçoit des fibres de Purkinje de la branche gauche du faisceau et la dépolarisation se fait donc du côté gauche vers le côté droit. Le vecteur est dirigé vers l’avant et vers la droite. Le septum ventriculaire est relativement petit, c’est pourquoi V1 présente une petite onde positive (onde r) et V5 une petite onde négative (onde q). C’est donc le même vecteur électrique qui provoque une onde r dans le V1 et une onde q dans le V5.

Le troisième vecteur : la paroi libre du ventricule

Les vecteurs résultant de l’activation des parois libres du ventricule sont dirigés vers la gauche et vers le bas (Figure 7). L’explication est la suivante :

  1. Le vecteur résultant de l’activation du ventricule droit ne s’exprime pas, car il est noyé dans le vecteur beaucoup plus important généré par le ventricule gauche. Ainsi, le vecteur lors de l’activation des parois libres du ventricule est en fait le vecteur généré par le ventricule gauche.
  2. L’activation de la paroi libre du ventricule se fait de l’endocarde vers l’épicarde. En effet, les fibres de Purkinje traversent l’endocarde, où elles délivrent le potentiel d’action aux cellules contractiles. Le potentiel d’action se propage ensuite d’une cellule contractile à l’autre, en partant de l’endocarde et en se dirigeant vers l’épicarde.

Comme le montre la Figure 7, le vecteur de la paroi libre du ventricule est dirigé vers la gauche (et vers le bas). La sonde V5 détecte un vecteur très important se dirigeant vers elle et affiche donc une grande onde R. La sonde V1 enregistre le contraire et affiche donc une grande onde négative. La sonde V1 enregistre l’inverse et affiche donc une grande onde négative appelée onde S.

Le quatrième vecteur : les parties basales des ventricules

Le dernier vecteur provient de l’activation des parties basales des ventricules. Le vecteur est dirigé vers l’arrière et vers le haut. Il s’éloigne de V5 qui enregistre une onde négative (onde s). La sonde V1 ne détecte pas ce vecteur.

Implications et causes d’un complexe QRS étendu (large)

L’allongement de la durée du QRS implique que la dépolarisation ventriculaire est plus lente que la normale. La durée du QRS est généralement de 0,10 seconde, mais doit être de 0,12 seconde. Si la durée du QRS est ≥ 0,12 seconde (120 millisecondes), le complexe QRS est anormalement large. Il s’agit d’un résultat très courant et significatif. La raison des complexes QRS larges doit toujours être clarifiée. Les cliniciens considèrent souvent qu’il s’agit d’une tâche difficile, bien que la liste des diagnostics différentiels soit assez courte. Les causes suivantes de complexes QRS larges doivent être connues de tous les cliniciens :

  • Bloc de branche : Les branches gauche et droite du faisceau sont constituées de fibres de Purkinje qui s’étendent dans le myocarde ventriculaire. Le réseau de Purkinje permet une conduction rapide de l’impulsion de sorte que le potentiel d’action peut être délivré à l’ensemble du myocarde en même temps (approximativement). Un bloc de branche survient lorsqu’une branche du faisceau est dysfonctionnelle et incapable de transmettre l’impulsion. Le ventricule dont le faisceau est bloqué devra attendre que les impulsions électriques se propagent à partir de l’autre ventricule. Comme la propagation de l’impulsion à partir de l’autre ventricule se fait partiellement ou entièrement en dehors du système de conduction, elle est lente et la durée du QRS est donc prolongée. Le bloc de branche gauche et le bloc de branche droit font l’objet d’articles distincts.
  • Hyperkaliémie : L’hyperkaliémie entraîne un ralentissement de la transmission des impulsions (dans toutes les cellules du myocarde et de la conduction) et un allongement de la durée du QRS.
  • Médicaments : les antiarythmiques de classe I, les antidépresseurs tricycliques et d’autres médicaments peuvent provoquer un élargissement du complexe QRS.
  • Rythme ventriculaire, ectopie ventriculaire et stimulateur cardiaque avec stimulation ventriculaire :
    • Les potentiels d’action spontanés déchargés à l’intérieur des ventricules peuvent dépolariser les ventricules. La cellule/structure qui décharge le potentiel d’action est appelée foyer ectopique. Un tel foyer peut émettre une ou plusieurs impulsions (consécutives ou intermittentes). Une impulsion unique donne lieu à un battement ventriculaire prématuré, tandis que des impulsions multiples peuvent établir un rythme ventriculaire, voire une tachycardie ventriculaire. Dans tous ces cas, le complexe QRS est large car l’impulsion dépolarisante naît et se propage en dehors du système de conduction normal.
    • Les stimulateurs cardiaques externes (artificiels) ont une électrode insérée dans l’apex du ventricule droit. La stimulation électrique de l’apex du ventricule droit donnera lieu à un potentiel d’action se propageant à partir de là, c’est-à-dire partiellement ou entièrement en dehors du système de conduction (ce qui provoquera des complexes QRS larges).
  • Pré-excitation (syndrome de Wolff-Parkinson-White) : La préexcitation implique l’existence d’une voie accessoire (en plus du nœud auriculo-ventriculaire) entre les oreillettes et les ventricules. Ces voies s’insèrent presque toujours dans le myocarde ventriculaire, d’où se propage le potentiel d’action. Là encore, la propagation a lieu en dehors du système de conduction, ce qui est lent et provoque un élargissement du complexe QRS.
  • Conduction ventriculaire aberrante (aberrance) : La conduction aberrante est en fait un bloc de branche qui se produit lorsque la durée du cycle cardiaque est rapidement modifiée, en particulier à des fréquences cardiaques élevées. Les branches du faisceau (en particulier la branche droite) peuvent parfois ne pas adapter leur période de repolarisation à la durée du cycle cardiaque (ce qu’elles font également). Ceci est discuté en détail dans l’article sur la conduction ventriculaire aberrante.

La figure 8 (ci-dessous) montre des exemples de complexes QRS normaux et anormalement larges à une vitesse de papier de 25 mm/s et 50 mm/s.

Figure 8. Durées normales et anormales des QRS à différentes vitesses de papier.

Amplitude du complexe QRS

Un complexe QRS de grande amplitude peut s’expliquer par une hypertrophie ou une hypertrophie ventriculaire (ou une combinaison des deux). Les courants électriques générés par le myocarde ventriculaire sont proportionnels à la masse musculaire ventriculaire. L’hypertrophie signifie qu’il y a plus de muscles et donc que les potentiels électriques générés sont plus importants. Cependant, la distance entre le cœur et les électrodes peut avoir un impact significatif sur les amplitudes du complexe QRS. Par exemple, les personnes minces ont généralement une distance plus courte entre le cœur et les électrodes que les personnes obèses. Par conséquent, la personne mince peut présenter des amplitudes QRS beaucoup plus importantes. De même, une personne souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) présente souvent des amplitudes QRS réduites en raison de l’hyperinflation du thorax (distance accrue par rapport aux électrodes). De faibles amplitudes peuvent également être causées par une hypothyréose. En cas de collapsus circulatoire, de faibles amplitudes doivent faire suspecter une tamponnade cardiaque.

Amplitude de l’onde R

Il est important d’évaluer l’amplitude des ondes R. Des amplitudes élevées peuvent être dues à un élargissement ou à une hypertrophie du ventricule. Des amplitudes élevées peuvent être dues à un élargissement ou à une hypertrophie ventriculaire. Pour déterminer si les amplitudes sont élevées, les références suivantes sont à portée de main :

  • L’onde R doit être de 26 mm en V5 et V6.
  • L’amplitude de l’onde R dans V5 + l’amplitude de l’onde S dans V1 doit être de 35 mm.
  • L’amplitude de l’onde R dans V6 + l’amplitude de l’onde S dans V1 doit être de 35 mm.
  • L’amplitude de l’onde R dans l’aVL doit être ≤ 12 mm.
  • L’amplitude de l’onde R dans les dérivations I, II et III doit être ≤ 20 mm.
  • Si l’onde R dans le V1 est plus importante que l’onde S dans le V1, l’onde R doit être de 5 mm.

1 mm correspond à 0,1 mV sur la grille ECG standard.

Temps de culmination de l’onde R (R wave peak time)

Le temps de culmination de l’onde R (Figure 9) est l’intervalle entre le début du complexe QRS et le sommet de l’onde R. Cet intervalle reflète le temps écoulé pour que la dépolarisation se propage de l’endocarde à l’épicarde. Cet intervalle reflète le temps écoulé pour que la dépolarisation se propage de l’endocarde à l’épicarde. Le temps de culmination de l’onde R est prolongé en cas d’hypertrophie et de troubles de la conduction.

Les valeurs normales pour le temps de culmination de l’onde R sont les suivantes :

  • Conduites V1-V2 (ventricule droit) <0,035 secondes
  • Conduites V5-V6 (ventricule gauche) <0,045 secondes
Figure 9. R-wave peak time is defined as the time interval between onset of the QRS complex to the apex of the R-wave.
Figure 9. Le temps de culmination de l’onde R est défini comme l’intervalle de temps entre l’apparition du complexe QRS et le sommet de l’onde R.

Progression de l’onde R

La progression de l’onde R est évaluée dans les dérivations thoraciques (précordiales). Une progression normale de l’onde R implique que l’onde R augmente progressivement en amplitude de V1 à V5, puis diminue en amplitude de V5 à V6 (Figure 10, côté gauche). L’onde S connaît l’évolution inverse. La progression anormale de l’onde R est une constatation courante qui peut s’expliquer par l’une des conditions suivantes :

  • Infarctus du myocarde : le myocarde nécrosé ne génère pas de potentiels électriques et il y a donc une perte d’amplitude de l’onde R dans les dérivations de l’ECG reflétant la zone nécrosée (figure 10, côté droit).
  • La cardiomyopathie peut entraîner une perte ou un gain d’amplitude de l’onde R, selon le type de cardiomyopathie. Les amplitudes peuvent être augmentées dans la cardiomyopathie hypertrophique, alors qu’elles sont typiquement diminuées dans les stades avancés de la cardiomyopathie dilatée.
  • L’hypertrophie ventriculaire droite et gauche amplifie également l’amplitude de l’onde R. L’hypertrophie ventriculaire gauche entraîne une augmentation de l’amplitude de l’onde R dans V4-V6 et des ondes S plus profondes dans V1-V3. L’hypertrophie ventriculaire droite provoque de grandes ondes R en V1-V3 et des ondes R plus petites en V4-V6.
  • La préexcitation, le bloc de branche et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) peuvent également affecter la progression de l’onde R. Ces conditions sont examinées en détail plus loin. Ces conditions sont examinées en détail plus loin.

Notez que l’onde R est parfois absente dans V1 (peut être due à un mauvais positionnement de l’électrode). Ce résultat est considéré comme normal à condition qu’une onde R soit observée dans le V2.

Figure 10. Normal and abnormal R-wave progression.

Onde R dominante en V1/V2

Comme le montre la Figure 10 (côté gauche), l’onde R dans V1-V2 est considérablement plus petite que l’onde S dans V1-V2. L’onde R dominante dans V1/V2 implique que l’onde R est plus importante que l’onde S, ce qui peut être pathologique. Si l’onde R est plus importante que l’onde S, l’onde R doit être de 5 mm, sinon l’onde R est anormalement importante. Cela peut s’expliquer par un bloc de branche droit, une hypertrophie ventriculaire droite, une cardiomyopathie hypertrophique, une ischémie/infarctus postéro-latérale (si le patient ressent une douleur thoracique), une pré-excitation, une dextrocardie ou un mauvais positionnement des électrodes thoraciques.

L’onde Q

Il est essentiel de différencier les ondes Q normales des ondes Q pathologiques, en particulier parce que les ondes Q pathologiques sont une preuve assez solide d’un infarctus du myocarde antérieur. Cependant, il existe de nombreuses autres causes d’ondes Q, tant normales que pathologiques, et il est important de les différencier.

L’amplitude (profondeur) et la durée (largeur) de l’onde Q déterminent si elle est anormale ou non. Les ondes Q pathologiques ont une durée ≥0,03 sec et/ou une amplitude ≥25% de l’amplitude de l’onde R. Les ondes Q pathologiques doivent exister dans au moins deux dérivations anatomiquement contiguës (c’est-à-dire des dérivations voisines, telles que VFa et III, ou V4 et V5) afin de refléter une anomalie morphologique réelle. L’existence d’ondes Q pathologiques dans deux dérivations contiguës suffit à poser le diagnostic d’infarctus à ondes Q. Ceci est illustré dans la Figure 11.

Figure 11. Critères pour les ondes Q pathologiques.

Variantes normales des ondes Q

sont de petites ondes q fréquemment observées dans les dérivations latérales (V5, V6, aVL, I). Elles sont dues à la dépolarisation normale du septum ventriculaire (voir la discussion précédente). Deux petites ondes q septales peuvent être observées en V5-V6 dans la Figure 10 (côté gauche).

Une onde Q isolée et souvent importante est parfois observée dans la dérivation III. L’amplitude de cette onde Q varie généralement en fonction de la ventilation et elle est donc appelée onde Q respiratoire. Il convient de noter que l’onde Q doit être isolée de la dérivation III (c’est-à-dire que la dérivation voisine, qui est aVF, ne doit pas présenter d’onde Q pathologique).

Comme indiqué ci-dessus, la petite onde R dans V1 est parfois absente, ce qui laisse un complexe QS dans V1 (un complexe QRS constitué uniquement d’une onde Q est appelé complexe QS). Ce résultat est considéré comme normal à condition que la dérivation V2 présente une onde r. Si l’onde R est également absente de la dérivation V2, les critères de pathologie sont remplis (deux complexes QS).

(qui ne remplissent pas les critères de pathologie) peuvent être observées dans toutes les dérivations des membres ainsi que dans V4-V6. Si ces ondes Q ne remplissent pas les critères de pathologie, elles doivent être acceptées. Les dérivations V1-V3, en revanche, ne doivent jamais présenter d’ondes Q (quelle que soit leur taille).

Ondes Q anormales (pathologiques)

La cause la plus fréquente d’ondes Q pathologiques est l’infarctus du myocarde. Si l’infarctus du myocarde laisse des ondes Q pathologiques, on parle d’infarctus à ondes Q. Les critères de ces ondes Q sont présentés dans la figure 11. Les critères de ces ondes Q sont présentés dans la figure 11. Notez que les ondes Q pathologiques doivent exister dans deux dérivations anatomiques contiguës.

Les autres causes d’ondes Q anormales sont les suivantes :

Pour différencier ces causes d’ondes Q anormales de l’infarctus à ondes Q, les conseils suivants peuvent être donnés :

  • S’il est peu probable que le patient souffre d’une maladie coronarienne, d’autres causes sont plus probables. Il convient toutefois de noter que jusqu’à 20 % des infarctus à onde Q peuvent se développer sans symptômes (The Framingham Heart Study).
  • If coronary heart disease is likely, then infarction is the most probable cause of the Q-waves.
  • Plus la durée de l’onde Q est longue, plus il est probable que l’infarctus en soit la cause. Les ondes Q de l’infarctus durent généralement 40 ms.

Des exemples d’ondes Q normales et pathologiques (après infarctus aigu du myocarde) sont présentés dans la figure 12 ci-dessous.

Figure 12. Ondes Q normales et pathologiques.

Le segment ST : Dépression et élévation du segment ST

Figure 13. Élévation et dépression du segment ST.

Le segment ST correspond à la phase de plateau du potentiel d’action (Figure 13). Le segment ST s’étend du point J à l’apparition de l’onde T. En raison de la longue durée de la phase de plateau, la plupart des cellules contractiles se trouvent dans cette phase en même temps (plus ou moins). En outre, le potentiel de membrane est relativement inchangé pendant la phase de plateau. Ces deux facteurs expliquent pourquoi le segment ST est plat et isoélectrique (c’est-à-dire au niveau de la ligne de base).

Le déplacement du segment ST est d’une importance fondamentale, en particulier dans l’ischémie myocardique aiguë. Comme l’ischémie myocardique affecte une zone limitée et perturbe le potentiel membranaire des cellules (pendant la phase 2), elle engendre une différence de potentiel électrique dans le myocarde. La différence de potentiel électrique entre le myocarde ischémique et le myocarde normal se traduit par un déplacement du segment ST. Le segment ST peut être déplacé vers le haut (élévation du segment ST) ou vers le bas (dépression du segment ST). Le terme “déviation du segment ST” fait référence à l’élévation et à la dépression du segment ST. L’ampleur de la déviation du segment ST est mesurée par la différence de hauteur (en millimètres) entre le point J et le segment PR. Voir Figure 13 pour des exemples.

 ci-dessous montre comment mesurer la déviation du segment ST.

Figure 14. Example of measuring ST deviation (elevation and depression).
Figure 14. Exemple de mesure de la déviation du segment ST (élévation et dépression).

Les éléments suivants doivent être pris en compte en ce qui concerne le segment ST:.

  • Le segment ST normal est plat et isoélectrique. La transition entre le segment ST et l’onde T est douce et non abrupte.
  • La déviation du segment ST (élévation, dépression) est mesurée comme la différence de hauteur (en millimètres) entre le point J et la ligne de base (le segment PR). L’écart du segment ST se produit dans un grand nombre de conditions, en particulier dans l’ischémie myocardique aiguë.
  • Le segment ST et l’onde T étant liés sur le plan électrophysiologique, les modifications du segment ST s’accompagnent souvent de modifications de l’onde T. Le terme de modifications du segment ST-T (ou simplement ST-T) est utilisé pour désigner ces modifications de l’ECG. Le terme “modifications du segment ST-T” (ou simplement “modifications du segment ST-T”) est utilisé pour désigner ces modifications de l’ECG.

Il convient également de noter que le point J est parfois sous-optimal pour mesurer la déviation du segment ST. Cela s’explique par le fait que le point J n’est pas toujours isoélectrique ; cela se produit s’il existe des différences de potentiel électrique dans le myocarde à la fin du complexe QRS (ce qui provoque généralement une dépression du point J). La raison de cette différence de potentiel électrique est que toutes les cellules myocardiques ventriculaires ne terminent pas leur potentiel d’action simultanément. Les cellules myocardiques qui se sont dépolarisées au début du complexe QRS ne seront pas exactement dans la même phase que les cellules qui se sont dépolarisées à la fin du complexe QRS. Pour cette raison, il est parfois recommandé de mesurer l’écart du segment ST au point J-60 ou au point J-80, situés respectivement 60 et 80 millisecondes après le point J. Au moment des points J-60 et J-80, il y a peu de chances qu’il y ait des différences de potentiel électrique dans le myocarde. Cependant, les directives actuelles recommandent toujours l’utilisation du point J pour l’évaluation de l’ischémie aiguë. Une exception notable à cette règle est l’épreuve d’effort, dans laquelle le point J-60 ou J-80 est toujours utilisé (parce que l’exercice provoque souvent une dépression du point J).

Comme mentionné ci-dessus, il existe de nombreuses autres conditions qui affectent le segment ST-T et il est fondamental de pouvoir les différencier. À cette fin, il est judicieux de subdiviser les modifications du segment ST-T en deux catégories : primaires et secondaires.

Modifications primaires et secondaires du segment ST-T

Les changements ST-T primaires sont causés par une repolarisation anormale. Ce phénomène est observé en cas d’ischémie, de troubles électrolytiques (calcium, potassium), de tachycardie, d’augmentation du tonus sympathique, d’effets secondaires de médicaments, etc.

Les modifications ST-T secondaires surviennent lorsqu’une dépolarisation anormale entraîne une repolarisation anormale. Ce phénomène est observé dans les blocs de branche (bloc de branche gauche et droit), la préexcitation, l’hypertrophie ventriculaire, les complexes ventriculaires prématurés, les battements stimulés par un stimulateur cardiaque, etc. Dans chacune de ces conditions, la dépolarisation est anormale et cela affecte la repolarisation de sorte qu’elle ne peut pas s’effectuer normalement.

La discussion suivante sera consacrée à la caractérisation des changements ST-T importants et courants.

Dépression du segment ST

La dépression du segment ST est mesurée au point J. Le point de référence est, comme d’habitude, le segment PR. Le point de référence est, comme d’habitude, le segment PR. Une dépression du segment ST inférieure à 0,5 mm est acceptée dans toutes les dérivations. Une dépression du segment ST de 0,5 mm ou plus est considérée comme pathologique. Certains documents de consensus d’experts notent également que toute dépression du segment ST en V2-V3 doit être considérée comme anormale (car les individus sains présentent rarement des dépressions dans ces dérivations). Veuillez noter que chaque cause de dépression du segment ST discutée ci-dessous est illustrée dans la Figure 15.  Étudiez attentivement cette figure.

Figure 15. Différentes causes de dépressions du segment ST et leur apparition.

Dépressions ST primaires

Les dépressions physiologiques du segment ST se produisent pendant l’exercice physique. Ces dépressions du segment ST montrent un segment ST en pente ascendante, typiquement déprimé <1 mm au point J-60 et les dépressions se normalisent rapidement après la fin de l’exercice. entraîne les mêmes dépressions du segment ST que l’exercice physique. Figure 15 A.

La digoxine provoque des dépressions généralisées du segment ST avec un segment ST incurvé (généralisé signifie que la dépression peut être observée dans la plupart des dérivations de l’ECG). Figure 15 B.

Le tonus sympathique et l’hypokaliémie provoquent des dépressions du segment ST (typiquement 0,5 mm).

L’insuffisance cardiaque peut provoquer une dépression du segment ST dans les dérivations latérales gauches (V5, V6, aVL et I) et ces dépressions sont généralement horizontales ou descendantes.

Les tachycardies supraventriculaires provoquent également des dépressions du segment ST qui se produisent typiquement en V4-V6 avec un segment ST horizontal ou légèrement ascendant. Ces dépressions du segment ST devraient disparaître dans les minutes qui suivent la fin de la tachycardie.

Les dépressions ischémiques du segment ST présentent un segment ST horizontal ou descendant (c’est une exigence selon les directives nord-américaines et européennes). La dépression horizontale du segment ST est la plus typique de l’ischémie (figure 15 C). Les dépressions du segment ST avec des segments ST ascendants sont rarement causées par une ischémie myocardique. Cependant, il existe une exception notable, lorsqu’un segment ST ascendant est en fait causé par une ischémie et que l’état est alarmant. Les dépressions du segment ST ascendantes accompagnées d’ondes T proéminentes dans la majorité des dérivations précordiales peuvent être causées par une occlusion aiguë de l’artère coronaire descendante antérieure gauche (LAD). Cette constellation – avec une dépression ST ascendante et des ondes T proéminentes dans les dérivations précordiales lors d’une gêne thoracique – est appelée signe de Winters (figure 15 C).

Dépression secondaire du segment ST

Les dépressions secondaires du segment ST se produisent dans les conditions suivantes :

  • Hypertrophie ventriculaire gauche
  • Hypertrophie ventriculaire droite
  • Bloc de branche gauche
  • Bloc de branche droit
  • Pré-excitation
  • Stimulation du stimulateur cardiaque dans le ventricule (droit)

Il s’agit d’affections courantes dans lesquelles une dépolarisation anormale (altération du complexe QRS) entraîne des anomalies de la repolarisation (altération du segment ST-T). Par exemple, un bloc de la branche gauche signifie que le ventricule gauche ne sera pas dépolarisé par le réseau de Purkinje, mais plutôt par la propagation de la dépolarisation du ventricule droit. La dépolarisation ventriculaire anormale entraînera une repolarisation anormale. Comme le montre la Figure 35 (panneau D), ces conditions sont caractérisées par des segments QRS et ST-T de direction opposée (rappelons que l’on parle de discordance). Par conséquent, les dérivations de l’ECG avec des complexes QRS positifs nets présenteront des dépressions du segment ST (ainsi que des modifications de l’onde T).

Les modifications de l’ECG dans l’ischémie myocardique sont abordées dans la section 3 (Ischémie myocardique aiguë et chronique et infarctus) et un chapitre spécifique traite de la dépression TST.

Élévation du segment ST

Le sus-décalage du segment ST est mesuré dans le point J. En cas de gêne thoracique (ou d’autres symptômes évoquant une ischémie myocardique), le sus-décalage du segment ST est un signe alarmant, car il indique que l’ischémie est étendue et que le risque d’arythmie maligne est élevé. Cependant, il existe de nombreuses autres causes de sus-décalage du segment ST et, pour des raisons évidentes, il faut être capable de les différencier. La Figure 16 présente les caractéristiques des élévations du segment ST ischémiques et non ischémiques. Cette figure doit également être étudiée en détail.

Figure 16. Élévations du segment ST.

L’ischémie provoque typiquement des élévations du segment ST avec des segments ST droits ou convexes (Figure 16, panneau A). Le segment ST rectiligne peut être ascendant, horizontal ou (rarement) descendant. Les élévations du segment ST non ischémique sont typiquement concaves (Figure 16, panneau B). Les élévations concaves du segment ST sont extrêmement fréquentes dans toutes les populations ; par exemple, l’élévation du segment ST dans les dérivations V2-V3 se produit chez 70 % de tous les hommes de moins de 70 ans. Il n’existe aucun moyen précis d’exclure une ischémie myocardique en jugeant de l’aspect du segment ST. C’est pourquoi les directives nord-américaines et européennes affirment que l’aspect du segment ST ne peut pas être utilisé pour exclure une ischémie. Les modifications de l’ECG en cas d’ischémie sont examinées en détail dans la section 3 (Ischémie myocardique aiguë et chronique et infarctus) et un chapitre spécifique examine le sus-décalage du segment ST en détail.

L’onde T

L’évaluation de l’onde T représente une partie difficile mais fondamentale de l’interprétation de l’ECG. L’onde T normale chez l’adulte est positive dans la plupart des dérivations précordiales et des membres. L’amplitude de l’onde T est la plus élevée en V2-V3. L’amplitude diminue avec l’âge. Comme indiqué ci-dessus, la transition entre le segment ST et l’onde T doit être harmonieuse. L’onde T est normalement légèrement asymétrique car sa pente descendante (deuxième moitié) est plus raide que sa pente ascendante (première moitié). Chez les femmes, l’onde T est plus symétrique, la transition entre le segment ST et l’onde T est plus nette et l’amplitude de l’onde T est plus faible.

L’onde T doit être concordante avec le complexe QRS, ce qui signifie qu’un complexe QRS positif net doit être suivi d’une onde T positive, et vice versa (Figure 17). Dans le cas contraire, il y a discordance (directions opposées du complexe QRS et de l’onde T), ce qui peut être dû à une pathologie. Une onde T négative est également appelée onde T inversée.

Figure 17. Discordance et concordance entre le QRS et le ST-T.

Les modifications de l’onde T sont notoirement mal interprétées, en particulier les ondes T inversées. La discussion qui suit vise à clarifier certains des malentendus les plus courants. Toutes les ondes T sont illustrées dans la Figure 18.

Figure 18. Ondes T normales et pathologiques.

Ondes T positives

Les ondes T positives sont rarement supérieures à 6 mm dans les dérivations des membres (typiquement plus élevées dans la dérivation II). Dans les dérivations thoraciques, l’amplitude est la plus élevée dans V2-V3, où elle peut parfois atteindre 10 mm chez les hommes et 8 mm chez les femmes. En général, l’amplitude dans V2-V3 est d’environ 6 mm et 3 mm chez les hommes et les femmes, respectivement. Les ondes T qui dépassent 10 mm et 8 mm, respectivement chez les hommes et les femmes, doivent être considérées comme anormales. Une cause fréquente d’ondes T anormalement grandes est l’hyperkaliémie, qui se traduit par des ondes T hautes, pointues et légèrement asymétriques. Celles-ci doivent être différenciées des ondes T hyperaiguës observées dans la phase très précoce de l’ischémie myocardique. Les ondes T hyperaiguës sont larges, hautes et symétriques. Leur durée est courte ; elles disparaissent généralement quelques minutes après l’occlusion totale d’une artère coronaire (le segment ST est alors naturellement élevé).

Inversion de l’onde T (ondes T inversées/négatives)

L’inversion de l’onde T signifie que l’onde T est négative. L’onde T est négative si sa partie terminale est inférieure à la ligne de base, que ses autres parties soient ou non supérieures à la ligne de base. Les inversions de l’onde T sont souvent mal comprises, en particulier dans le cadre de l’ischémie.

Inversion normale de l’onde T

Une inversion isolée (unique) de l’onde T dans la dérivation V1 est fréquente et normale. Elle est généralement concordante avec le complexe QRS (qui est négatif dans la dérivation V1). Des inversions isolées de l’onde T peuvent également se produire dans les dérivations V2, III ou aVL. Dans tous les cas, il faut vérifier si l’inversion est isolée, car s’il y a une inversion de l’onde T dans deux dérivations anatomiquement contiguës, elle est pathologique.

Inversion de l’onde T dans l’ischémie myocardique

L’ischémie ne provoque jamais d’inversions de l’onde T isolées. On croit généralement à tort que les inversions de l’onde T, sans déviation simultanée du segment ST, indiquent une ischémie myocardique aiguë (en cours). Les inversions de l’onde T sans déviation simultanée du segment ST ne sont pas ischémiques ! Toutefois, les inversions de l’onde T accompagnées d’une déviation du segment ST (dépression ou élévation) sont représentatives d’une ischémie (mais dans ce scénario, c’est en fait la déviation du segment ST qui signale que l’ischémie est en cours). On peut alors se demander pourquoi les inversions de l’onde T sont incluses dans les critères de l’infarctus du myocarde. Cela s’explique par le fait que des inversions de l’onde T se produisent après un épisode ischémique, et que ces inversions de l’onde T sont appelées ondes T post-ischémiques. Ces ondes T sont observées après des périodes d’ischémie, après un infarctus et après une reperfusion réussie (ICP).

L’inversion de l’onde T post-ischémique est causée par une repolarisation anormale. Ces inversions de l’onde T sont symétriques et de profondeur variable. Elles peuvent être gigantesques (10 mm ou plus) ou inférieures à 1 mm. Des ondes U négatives peuvent apparaître en cas d’inversion post-ischémique de l’onde T. Les inversions de l’onde T peuvent en fait devenir chroniques après un infarctus du myocarde. La normalisation de l’inversion de l’onde T après un infarctus du myocarde est un bon indicateur de pronostic. Veuillez vous référer à la figure 37.

Inversion secondaire de l’onde T

Les inversions secondaires de l’onde T – semblables aux dépressions secondaires du segment ST – sont causées par le bloc de branche, la pré-excitation, l’hypertrophie et la stimulation du stimulateur cardiaque ventriculaire. Les inversions de l’onde T secondaires à ces pathologies sont généralement symétriques et s’accompagnent d’une dépression du segment ST. Il convient de noter que l’inversion de l’onde T peut en fait persister pendant un certain temps après la normalisation de la dépolarisation (si elle a lieu). On parle alors de mémoire de l’onde T ou de mémoire cardiaque. Les inversions secondaires de l’onde T sont illustrées dans la figure 19 (ainsi que dans la figure 18 D).

Figure 19. Inversions secondaires de l’onde T.

Ondes T plates

Les ondes T de très faible amplitude sont fréquentes dans la période post-ischémique. Elles sont généralement observées dans les dérivations V1-V3 si la sténose/occlusion est située dans l’artère descendante antérieure gauche. Si la sténose/occlusion est située dans l’artère circonflexe gauche ou l’artère coronaire droite, les ondes T plates sont observées dans les dérivations II, aVF et III.

Ondes T biphasiques (diphasiques)

Une onde T biphasique présente une déviation positive et une déviation négative (Figure 37, panneau C). Il convient de noter que le terme “biphasique” est malheureux car (1) les ondes T biphasiques n’ont pas de signification particulière et (2) une onde T est classée comme positive ou inversée sur la base de sa partie terminale ; si la partie terminale est positive, l’onde T est positive et vice versa. Une onde T biphasique doit donc être classée en conséquence.

Les ondes T chez les enfants et les adolescents

Le vecteur de l’onde T est dirigé vers la gauche, vers le bas et vers l’arrière chez les enfants et les adolescents. Cela explique pourquoi ces personnes présentent des inversions de l’onde T dans les dérivations thoraciques. Les inversions de l’onde T peuvent être présentes dans toutes les dérivations thoraciques. Toutefois, ces inversions se normalisent progressivement au cours de la puberté. Certains individus peuvent présenter une inversion persistante de l’onde T dans V1-V4, appelée modèle d’onde T juvénile persistante. Si toutes les ondes T restent inversées à l’âge adulte, on parle d’inversion globale idiopathique de l’onde T.

Progression de l’onde T

La progression de l’onde T suit les mêmes règles que la progression de l’onde R (voir la discussion précédente).

Liste de contrôle de l’onde T

  • I, II, -aVR, V5 et V6 : doivent présenter des ondes T positives chez les adultes. aVR présente une onde T négative.
  • III et aVL : Ces dérivations présentent parfois une inversion de l’onde T isolée (unique).
  • aVF : onde T positive, mais parfois plate.
  • V1: L’onde T inversée ou plate est assez fréquente, en particulier chez les femmes. L’inversion est concordante avec le complexe QRS.
  • V7-V9 : doit présenter une onde T positive.

Onde U

Une onde U est parfois observée après l’onde T. On ne sait pas ce qui engendre l’onde U. On ne sait pas ce qui engendre l’onde U. Elle est généralement plus proéminente dans les dérivations V2-V3. Elle est généralement plus importante dans les dérivations V2-V3. Les jeunes, ainsi que les athlètes, ont des ondes U plus importantes. En outre, l’onde U est plus importante lorsque le rythme cardiaque est plus lent. La hauteur de l’onde U correspond généralement à un tiers de l’onde T. La première moitié de l’onde U est plus raide que la seconde. Sa première moitié est plus raide que la seconde.

L’inversion de l’onde U est rare, mais lorsqu’elle est observée, elle est un indicateur fort de pathologie, en particulier pour les cardiopathies ischémiques et hypertension.

Durée du QT et durée corrigée du QT (QTc)

L’interprétation de l’ECG comprend toujours une évaluation de la durée du QT (QTc). La durée du QT représente le temps total de dé- et repolarisation. Elle est mesurée entre le début du complexe QRS et la fin de l’onde T. Un allongement de la durée du QT prédispose à des arythmies ventriculaires potentiellement mortelles, c’est pourquoi la durée du QT doit toujours être évaluée. L’allongement de la durée du QT peut être congénital (mutations génétiques, syndrome du QT long) ou acquis (médicaments, troubles électrolytiques). La durée du QT est inversement liée à la fréquence cardiaque ; la durée du QT augmente lorsque la fréquence cardiaque est faible et inversement. Il faut donc ajuster la durée du QT en fonction de la fréquence cardiaque, ce qui donne la durée corrigée du QT (Qtc). La formule de Bazett est traditionnellement utilisée pour calculer la durée QT corrigée. La formule est la suivante (toutes les variables sont exprimées en secondes) :

Bazett's formula for calculating corrected QT duration (QTc).
Formule de Bazett pour le calcul de la durée corrigée du QT (QTc).

Valeurs normales pour l’intervalle QTc

  • Hommes : <0,450 secondes
  • Femmes : <0,460 secondes

Cependant, la formule de Bazett date de plusieurs décennies et a été remise en question parce qu’elle ne donne pas de bons résultats à des fréquences cardiaques très basses et très élevées. Les formules plus récentes (qui sont intégrées dans les appareils ECG modernes) doivent être préférées à la formule de Bazett. La durée du QTc est calculée automatiquement dans tous les appareils ECG modernes. Le résultat est basé sur la dérivation ayant la durée QTc la plus longue (généralement les dérivations V2-V3).

Causes d’allongement de la durée du QTc : antiarythmiques (procaïnamide, disopyramide, amiodarone, sotalol), médicaments psychiatriques (antidépresseurs tricycliques, ISRS, lithium, etc.) ; antibiotiques (macrolides, quinolones, atovaquone, chloroquine, amantadine, foscarnet, atazanavir) ; hypokaliémie, hypocalcémie, hypomagnésémie ; troubles vasculaires cérébraux (hémorragie) ; ischémie myocardique ; cardiomyopathie ; bradycardie ; hypothyroïdie ; hypothermie.

Le syndrome du QTc court (QTc <0,390 secondes) est peu fréquent et peut être observé en cas d’hypercalcémie et pendant un traitement à la digoxine. Il est très rare mais peut provoquer des arythmies malignes.

Dispersion de l’intervalle QT

L’intervalle QT varie quelque peu dans les différentes dérivations. La différence entre l’intervalle QT le plus court et le plus long est la dispersion QT. L’augmentation de la dispersion du QT est associée à une morbidité et une mortalité accrues. Cela s’explique probablement par une incidence plus élevée d’arythmies ventriculaires malignes. Il a été suggéré que le risque élevé d’arythmies ventriculaires est dû à la vulnérabilité causée par des différences locales marquées de repolarisation.

The electrical axis of the heart (heart axis)

Bien que souvent ignorée, l’évaluation de l’axe électrique fait partie intégrante de l’interprétation de l’ECG. L’axe électrique reflète la direction moyenne de la dépolarisation ventriculaire pendant la contraction ventriculaire. La direction de la dépolarisation (et donc l’axe électrique) est généralement le long de l’axe longitudinal du cœur (vers la gauche et vers le bas). La figure 38 montre le système de coordonnées où la zone verte représente la plage de l’axe cardiaque normal.

Figure 38. L’axe électrique du cœur (axe cardiaque).

Comme le montre la figure, l’axe cardiaque normal se situe entre -30° et 90°. Si l’axe est plus positif que 90°, on parle de déviation de l’axe droit. Si l’axe est plus négatif que -30°, on parle de déviation de l’axe gauche. L’axe est calculé (au degré près) par l’appareil ECG. L’axe peut également être approximé manuellement en jugeant la direction nette du complexe QRS dans les dérivations I et II. Les règles suivantes s’appliquent :

  • Axe normal : Complexe QRS positif net dans les dérivations I et II.
  • Déviation de l’axe droit : Complexe QRS négatif net dans la dérivation I mais positif dans la dérivation II.
  • Déviation de l’axe gauche : Complexe QRS positif net dans la dérivation I mais négatif dans la dérivation II.
  • Déviation extrême de l’axe (-90°à 180°) : Complexe QRS négatif net dans les dérivations I et II.

Déviation de l’axe : déviation de l’axe droit (RAD) et déviation de l’axe gauche (LAD)

Causes de la déviation de l’axe droit

Normale chez les nouveau-nés. Hypertrophie ventriculaire droite. Cœur pulmonaire aigu (embolie pulmonaire). Cœur pulmonaire chronique (BPCO, hypertension pulmonaire, sténose de la valve pulmonaire). Infarctus ventriculaire latéral. Pré-excitation. Électrodes du bras commutées (P et QRS-T négatifs dans la dérivation I). Situs inversus. Le bloc fasciculaire postérieur gauche est diagnostiqué lorsque l’axe est compris entre 90° et 180° avec un complexe rS en I et aVL ainsi qu’un complexe qR en III et aVF (avec une durée de QRS <0,12 secondes), à condition que d’autres causes de déviation de l’axe droit aient été exclues.

Causes de la déviation de l’axe gauche

Bloc de branche gauche. Hypertrophie ventriculaire gauche. Infarctus inférieur. Pré-excitation. Un bloc fasciculaire antérieur gauche est diagnostiqué si l’axe est compris entre -45° et 90° avec un complexe QR dans l’aVL et une durée de QRS de 0,12 s, à condition que d’autres causes de déviation de l’axe gauche aient été exclues.

Causes de déviation extrême de l’axe

Rare. La cause la plus probable est le mauvais positionnement des électrodes des membres. Si le rythme est une tachycardie avec des complexes QRS larges, la tachycardie ventriculaire est la cause la plus probable.