Arrêt cardiaque en cas d’hypothermie (hypothermie accidentelle)
Hypothermie accidentelle
L’hypothermie accidentelle est définie comme une baisse involontaire de la température corporelle en dessous de 35 °C. Les températures corporelles les plus basses enregistrées à partir desquelles des patients ont été réanimés avec succès sont de 11,8 °C pour l’hypothermie accidentelle et de 4,2 °C pour l’hypothermie d’origine médicale (Mroczek et al., Stephen et al.). La figure 1 illustre le déclin de la fonction cardiopulmonaire et de la conscience avec la baisse de la température corporelle. Il semble y avoir une relation linéaire entre la température corporelle et la fonction cardiopulmonaire et la vigilance. Il est peu probable qu’un arrêt cardiaque se produise lorsque la température corporelle reste supérieure à 28 °C (82,4 °F), tandis que les températures inférieures à 24 °C (75,2 °F) ne sont pas compatibles avec des signes de vie (Frei et al.).
Lorsque l’hypothermie précède l’arrêt cardiaque, le corps a été refroidi avant l’arrêt circulatoire, ce qui augmente les chances de survie. Dans ce cas, des résultats neurologiques favorables sont possibles même en cas de périodes prolongées d’absence de circulation sanguine, en raison de la réduction du taux métabolique qui accompagne la baisse de la température corporelle. Pour chaque réduction de 1 °C de la température corporelle, la consommation d’oxygène diminue de 6 % (Wood et al.).
L’évaluation de la vitalité d’une personne hypothermique peut s’avérer difficile, en particulier lorsqu’il s’agit de distinguer l’absence de réaction à l’hypothermie de l’arrêt cardiaque. Souvent, les signes manifestes de vie sont absents et la froideur du patient peut imiter les conditions post-mortem. Par conséquent, une évaluation méticuleuse des signes vitaux est cruciale.
Des taux de survie exceptionnellement élevés ont été documentés dans des cas d’hypothermie accidentelle suivie d’un arrêt cardiaque. Pour les arrêts cardiaques sans témoin dans ces conditions, le taux de survie à l’arrivée à l’hôpital a été enregistré à 27 %, tandis que pour les arrêts cardiaques avec témoin, le taux de survie est de 73 % (Podsiadlo et al.). Une grande majorité de ces patients présentent une fonction neurologique satisfaisante à la sortie de l’hôpital.

Gravité | Caractéristiques | Température corporelle (°C) |
---|---|---|
Hypothermie légère | Conscient avec tremblements | 32-35 °C |
Hypothermie modérée | Altération de la conscience, avec ou sans frissons | 28-31 °C |
Hypothermie sévère | Inconscient, avec des signes de vie | < 28 °C |
Hypothermie très grave | Aucun signe de vie | < 24 °C |
Mesures à prendre en cas d’hypothermie accidentelle avec arrêt cardiaque ou dépression cardiopulmonaire
- Utilisez le score HOPE pour évaluer le pronostic.
- C’est pourquoi la RCP doit être envisagée même en cas de périodes de no-flow prolongées, dans les cas d’arrêts cardiaques sans témoin, ainsi que si le rythme initial était l’asystolie (Podsiadlo et al.).
- Évaluez les signes vitaux :
- Le réchauffement est réalisé de manière optimale grâce à l’oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO). En l’absence d’ECMO, des techniques de réchauffement non invasives et invasives doivent être mises en œuvre.
- Fluides intraveineux chauffés (cristalloïdes).
- Oxygène chauffé et humidifié.
- Couvertures chaudes.
- Ventilateur de chaleur.
- Retirez tous les textiles froids ou humides.
- Procédez à une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) en suivant les protocoles standard, en mettant l’accent sur un réchauffement rapide et simultané du patient. Envisagez une oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) chez les patients instables.
- L’administration de médicaments (tels que l’amiodarone et l’épinéphrine) et les procédures de défibrillation doivent être différées jusqu’à ce que la température corporelle dépasse 30 °C. Cela est dû à la diminution de l’efficacité de ces interventions à basse température. En outre, le retour de la circulation spontanée (ROSC) n’est généralement pas possible à des températures inférieures à 30 °C.
Hypothermie et asphyxie simultanées en cas d’avalanche
L’hypothermie associée à l’asphyxie est couramment observée chez les victimes d’avalanches. En général, lorsque les services d’urgence arrivent, le patient a succombé à l’asphyxie. Cependant, étant donné l’effet de refroidissement associé aux avalanches, il est conseillé de tenter une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) même dans le contexte de périodes prolongées de non-écoulement. La prise en charge initiale doit comprendre cinq respirations de sauvetage, suivies de la RCP standard pendant une durée minimale de 20 minutes avant d’envisager d’y mettre fin. En cas d’avalanche, la RCP est recommandée même si la personne est restée ensevelie pendant 60 minutes.
Références
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