Schéma de repolarisation précoce : points J confus, encoches et traînées
J’ai eu un jour le privilège d’assister à une conférence donnée par le professeur Salim Yusuf de l’université McMaster. Le professeur Yusuf est le chercheur le plus cité en médecine cardiovasculaire, un véritable géant. Au cours de sa conférence, le professeur Yusuf a déclaré qu’il n’était pas très impressionné par les lignes directrices actuelles. Selon lui, ces dernières ont tendance à être trop compliquées et trop verbeuses. Ceux d’entre nous qui ont lu des lignes directrices peuvent être d’accord avec ce point de vue. En parcourant certaines directives l’autre jour, je me suis rendu compte qu’elles devenaient de plus en plus épaisses. Les lignes directrices publiées par l’AHA, l’ACC et l’ESC pourraient en fait servir de manuels. En fait, en allant sur les sites web de l’AHA/ACC/ESC, vous pouvez vous faire un manuel en téléchargeant toutes leurs directives.
Néanmoins, j’ai récemment lu les Recommandations pour l’interprétation de l’électrocardiogramme à 12 dérivations chez l’athlète, qui est un excellent document rédigé par une douzaine d’érudits méritants. Dans ce document, les auteurs discutent des variantes normales et des anomalies que les athlètes peuvent présenter sur l’ECG à 12 dérivations. Cependant, le deuxième ECG de l’article est mal interprété par les auteurs. Ils ont l’intention de présenter un ECG avec une repolarisation précoce (qui est associée à un risque 5 fois plus élevé de fibrillation ventriculaire et de mort cardiaque subite), mais au lieu de cela, ils affichent un ECG avec un schéma masculin/féminin. L’ECG tiré de l’article est le suivant.
Comme on peut le constater, la légende de la figure indique que les ECG présentent deux modèles de repolarisation précoce. Elle affirme que la repolarisation précoce dans l’ECG (A) est caractérisée par une concavité ascendante du segment ST et des ondes T positives. Dans l’ECG (B), ils affirment quelque chose de similaire. Malheureusement, ces ECG ne montrent aucun signe de repolarisation précoce. Notez que cet article a été cité près de 500 fois depuis sa publication. Il convient également de noter que cet ECG montre en fait un schéma homme/femme, qui est de loin la cause la plus fréquente d’élévation du segment ST dans n’importe quelle population (jusqu’à 90 % des hommes âgés de 40 ans ou moins présentent ce phénomène). Les auteurs ont donc confondu un état totalement bénin (schéma homme/femme) avec un état qui est associé à un risque cinq fois plus élevé de mort cardiaque subite.
Pour les lecteurs intéressés par la reconnaissance de la repolarisation précoce, je recommande un document de consensus récent rédigé par MacFarlane et al. En lisant ce document, vous vous rendrez compte que la repolarisation précoce est en fait reconnue dans le point J (où le complexe QRS fusionne avec le segment ST). La repolarisation précoce est définie par une encoche ou un flottement dans le point J (où le complexe QRS fusionne avec le segment ST). Ce phénomène est souvent appelé « encoche de fin de QRS » ou « encoche de fin de QRS ». Voir la figure ci-dessous.
Critères ECG de repolarisation précoce
Selon MacFarlane et al (JACC, 2015).
La repolarisation précoce est présente si tous les critères suivants sont remplis (illustrés ci-dessus) :
- 1. Il y a une encoche ou un sillon à la fin du QRS sur la pente descendante d’une onde R proéminente. S’il y a une encoche, elle doit se situer entièrement au-dessus de la ligne de base. Le début d’un coude doit également se situer au-dessus de la ligne de base.
- 2. Jp est ≥0,1 mV dans au moins 2 dérivations contiguës de l’ECG à 12 dérivations, à l’exclusion des dérivations V1 à V3.
- 3. La durée du QRS est <120 ms.
Le panneau B de la figure 5 ci-dessous montre un autre exemple de repolarisation précoce.

Les lecteurs intéressés par les diagnostics différentiels du sus-décalage du segment ST peuvent lire notre propre article.
Message à retenir : Inspectez le point J !
Posté par Dr Dan Olsson.